ArnaudDucret. Moi. Je me mettais devant un miroir, je faisais des grimaces pas possibles et je me marrais tout seul. J'ai été mon premier spectateur. Ensuite, il y a eu ma
4 ans plus tard - vélo électrique - je me fais livré mon panier de légumes chaque semaine grâce à mon CE - cigarette électronique - paie 1300 euros pour un 2 pièces - kindle paperwhite pour la salle d'attente du médecin Jamais je ne retournerai en province, les ploucs avec leurs 3 enfants dégueulasses dans leurs clio diesel qui bouffent des frites à chaque repas, merci bien Paris c'est le futur, c'est pas méprisant hein, mais la petitesse d'esprit des provinciaux et leurs petits problèmes de prolos, forcément ça vole pas très haut Peace.
TRYGÉE Je vous le permets pour que vous ne me chagriniez plus. LE CHOEUR. Oui, mais la gauche veut nécessairement être de la partie. Je suis joyeux, je pète, je ris, plus même que si j'avais dépouillé la vieillesse ; j'échappe au bouclier. TRYGÉE. Ne vous réjouissez pas encore ; car vous ne savez ce qu'il en est précisé-ment. Mais
PRÉSENTATION Ils se narrent à moi dans leur langue, entre chat et loup, entre mêmes ou presque, entre douceur et cruauté, avant tout jour, avant toute heure. Je ne me réveille pas, le rêve me réveille d’une main, la main de rêve ouvre le tiroir à gauche de mon lit qui sert de coffre à rêves, saisit sans bruit le bloc de papier et le feutre Pilot V Singpen celui qui écrit si gros qu’il n’est pas besoin d’appuyer, il écrit tout seul, et l’on note dans le noir à toute allure, en marges, dedans par dessus bords, le récit remplit l’esquif à ras. Docile je ne dis mot le rêve dicte j’obéis les yeux fermés. J’ai appris cette docilité. Le rêve veut. Je fais. Je suis sans pensée sans réponse. Je note. La main dans le noir écrit tant bien que mal, heurté, déraillant. Une fois accompli, le rêve se glisse dans la boîte aux rêves et je me lève. Des dizaines de rêves plus tard, jusqu’à des centaines, arrive la lecture. À mon tour ! Les rêves dorment profondément. Voici que je contemple à loisir leur visage psychique, leur long corps hanté, et certes je découvre leurs secrets. Jadis je me sentais coupable de nuit. J’habitais toujours deux pays, le pays diurne et le pays continu discontinu très tempestueux nocturne. Mais je ne le disais pas. Je me croyais en fraude dans l’un et dans l’autre en fraude autrement, puisque je n’avais qu’un visa pour deux pays. D’ailleurs je n’aurais pas su dire lequel était le principal, le primordial, étant à deux vies et à deux temporalités, lequel était le légitime ou l’autre. J’allais à l’un qui était peut-être l’autre avec la joie subreptice qui donne à l’âme un ressort ailé lorsque je vais à l’amour à l’amance et même sans faire d’autre chemin que dans les profondeurs. J’ai rendez-vous. Quel délice de se rendre sur le parvis de nuit en espérant, sans savoir quelle aventure va arriver ! Où serai-je menée cette nuit ? Dans quel pays ? Dans quel pays à pays ? Jadis, j’ai craint de perdre mon pays de grâce. C’est que les Rêves ne se commandent pas. Ils font Dieu. On les prie, c’est tout. Seule leur volonté est faite. Cette crainte m’est venue lorsque, commençant à écrire, j’ai découvert avec épouvante que ce geste, écrire, devenu ma vie, ma permission, ma possibilité, ma cause de vivre était malheureusement à la merci et à la grâce des rêves comme l’enfant à la merci de la mamelle. Et si ça se tarissait ? Il arriva quelques saisons de sécheresse, je ne m’en souviens pas, mais cela arrive, on a parfois le lit vide, car c’est un sol fragile, sensible aux variations du corps, lequel est exposé aux circonstances séculaires. Les rêves veulent une bonne monture. La bête est-elle harassée, ils volent quand même, mais moins puissamment. Si je ne rêvais plus ? avais-je tremblé, je tomberais en poussière. Mais ils ne nous abandonnent pas, les dieux, chose mystérieuse. Ils sont tout comme Lui. Boudent-ils, se cachent-ils ? Jusqu’au jour où ils reviennent. Cette alliance-là – comment l’appeler ? – est incorruptible Cela donne une sorte de paix, savoir qu’ils reviennent. Or cette paix est une guerre. Car, la nuit dans le pays aux populations agitées et changeantes, il fait toujours guerre. Ce “livre de rêves sans interprétation” vient d’une plaisanterie. C’était à un dîner avec M. D. Donne-moi un livre dit cet éditeur de rêve. Pour rire je dis veux-tu cinquante rêves ? Et ce fut fait à ma grande surprise. Ainsi, c’était pour rire, et cela n’aurait pu être autrement. Car si noires et sanglantes soient ces très courtes vies, les rêves, elles sont toujours aussi pour rire. Au plaisir de souffrir s’ajoute le plaisir du ridicule qui auréole le rêveur, en ce cas, la rêveuse. Voilà donc qui je suis aussi en réalité ? Car le rêve dévoile la réalité, n’est-ce pas ? Cette femme menacée d’échec et de présomption, tantôt bonne, tantôt vaniteuse ? Soit. J’accepte cette exhibition de mes faibles et de mes faiblesses, mes blessures secrètes, auxquelles je dois mes efforts vers la dignité et le sublime. J’avais dit cinquante. Allez demander à Freud pourquoi cinquante. Alors on essaie de choisir des règles de non-choisir. Sans compter l’inconscient. Mais toutes les règles défaillent. Rêves de l’an 2000 ? Cela ferait croire qu’il y aurait des rêves par an. Rêves utilisés dans des livres ? Il y en a quelques-uns ici présents. Le reste est à l’avenant. J’ai pioché. Tiré les cartes. J’ai écarté des rêves que je jugeais menaçants ou menacés, par la lecture, d’interprétation dangereusement et inévitablement erronée. Cela m’ennuierait que dans une lecture sans prudences on croie que je-pour-de-bon aie pu avoir-pour-de-bon une liaison-pour-de-bon avec tel monarque ou tel grand écrivain d’un sexe ou un autre. Ou que l’on croie que j’ai vraiment tué ou voulutuer mon fils ou ma tante. Je n’ai aucunement “corrigé”, censuré, touché en rien aux récits enregistrés par la main entre chat et loup. Ils sont reproduits intégralement, bruts, innocents, tels qu’ils s’ébattaient dans l’aube préanalytique. Je pourrais, pour mon propre profit, les analyser. Moi seule pourrais le faire, puisque j’ai seule les clés. Je ne le fais pas ici. Je me suis tenue éloignée de l’analyse et de la littérature. Ces choses sont des récits primitifs. Des larves. J’aurais pu, les couvant, les porter à papillons. Alors ils n’eussent plus été des rêves. Je ne les a pas évalués je reste leur rêveuse. Je suis encore dans le rêve qui a lieu dans moi. Aucune distance même minime ne me permet de les re-lire comme je puis relire des pages d’écriture, il n’y a pas d’instance tierce. À moi ils ont causé des ennuis et des troubles, mais je ne sais pas ce qu’à toi ils causeront. Au battement de mon cœur qui ne ment pas, je reconnais ma mère la vraie ou mon amour l’innocent. Toutefois, je tiens à dresser ici une pancarte sur laquelle on lira Attention ! Rêves ! Ces Rêves arrivent avec des “titres” presque toujours. C’est à l’instant où le Rêve commence sa dictée qu’il se donne et m’annonce son nom. » H. C.
Pardon j'ai dit "ils croivent". La maîtresse, elle dit que c'est une connerie et ça fait rire les autres. Je m'excuse. Enfin, je te prie de m'excuser. La maîtresse, elle dit qu'on s'excuse
Si vous me suivez sur les réseaux sociaux, vous avez dû voir que je partageais cette semaine des ressources et des articles sur l’écriture des émotions et la façons de les faire ressentir aux lecteurs. Écrire et donner des émotions est certainement la mission la plus compliquée de l’auteur car elle dépend de l’ensemble de son travail de son intrigue, de ses personnages, de son style… Je vais essayer de vous apporter quelques solutions dans cet article mais n’hésitez pas à partager les vôtres ! La description des émotions Désolée par avance pour tous les clichés et pontifs ie. les images utilisées des millions de fois qui n’ont pas une originalité folle genre les yeux qui lancent des éclairs » qui ont été insérés dans cette partie. C’était pour mieux illustrer mes propos. A vous de trouver les images qui vous bien et les sensations qui vous parlent le plus ! La joie Manifestations physiques La joie rayonne dans le corps entier, la tête qui tourne, le sourire irrépressible… Dans la tête du personnage La joie peut se manifester par une impossibilité de se concentrer sur quelque chose. On ne cesse de penser à ce qui nous fait plaisir. Les pensées peuvent s’enchaîner à toute vitesse. Dans le style de l’auteur La joie peut être matérialisée avec la ponctuation les points d’exclamation, de suspension…, avec des envolées lyriques, l’amplification, l’hyperbole… On exagère quand on est heureux ! L’amour Manifestations physiques Le cœur qui s’arrête et repart de plus belle, le ventre qui papillonne, les joues qui rosissent ou au contraire semblent se vider de leur sang, la gorge sèche, l’électricité, le bien-être… Dans la tête Tout le monde ne réagit pas de la même façon face à l’amour. Il y a le coup de foudre on a l’impression de connaître l’autre par cœur, on l’aime directement. Il y a l’amoureux de l’amour. Il y a celui qui anticipe, celui qui freine, celui qui ne veut pas s’engager, celui qui ne veut pas souffrir… Dans le style de l’auteur L’auteur peut utiliser le flashback car l’amoureux ressasse encore et encore les moments passés avec l’élu de son cœur. Il peut utiliser l’accumulation, l’amplification, l’hyperbole, l’exagération ou encore la ponctuation pour marquer l’enthousiasme les réactions de l’amour sont semblables à celles de la joie. La tristesse Manifestations physiques Si la joie emplit le corps de bonheur, la tristesse vide celui qui la ressent. Les jambes sont lourdes, la tête tourne au ralenti, le corps est faible. Les larmes, la gorge nouée par les sanglots peuvent aussi être une manifestation physique de la tristesse. Dans la tête du personnage Le personnage réfléchit au ralenti. Il peut être amené à repenser à ses actions, à se focaliser sur un point précis qui l’a marqué. Dans le style de l’auteur L’auteur peut faire usage du flashback, de la répétition, des points de suspension pour marquer l’hésitation et le vide. La surprise Manifestations physiques Le cri, le cœur qui bat très fort, l’excitation, la paralysie / l’immobilisme sont des manifestations de la surprise. Dans la tête du personnage Très supris, un personnage peut être incapable de penser, de comprendre ce qui se passe. Selon la capacité du personnage a être surpris, cela peut durer plus ou moins longtemps. Certains personnages les policiers, les espions, les médecins urgentistes… sont formés à garder leur sang froid et à gérer leurs émotions. Dans le style de l’auteur Les points de suspension, ou l’arrêt sur image peuvent être utilisés parfois, on est tellement surpris que l’on voit ce qui se passe mais on ne sait pas quelle réponse y apporter. La colère Manifestations physiques Les jours deviennent rouges vous connaissez l’expression être rouge colère », les sourcils se froncent, les traits se tirent, les yeux lancent des éclairs, les mouvements deviennent irraisonnés, secs, violents. Dans la tête du personnage La colère peut monter petit à petit ou être déclenchée par un événement. Elle peut être explosive ou au contraire progressive. Le personnage tourne en boucle. Dans le style de l’auteur La répétition, les points d’exclamation, les points de suspension, l’accumulation, l’argumentation, l’antiphrase dire Bravo ! Magnifique ! Toi, tu es un champion » en réponse à la grosse bévue de quelqu’un par exemple, l’amplification… La peur Manifestations physiques Les cris, le cœur qui bat très vite ou de façon désordonnée, la paralysie, l’incapacité de dire quoi que ce soit, la sensation de froid… Il y a aussi les tremblements et la chaire de poule qui sont des manifestations très souvent utilisées dans les livres mais je n’ai jamais eu ce type de réaction dans une situation de peur. Dans la tête du personnage La peur peut figer ou au contraire faire réagir. Là encore, certaines personnes peuvent être formés à mieux réagir que d’autres face à une situation dangereuse ou suspecte je pense encore aux policiers, soldats, espions, pompiers…. Dans le style de l’auteur Les points d’exclamation, les points de suspension, l’arrêt sur image, la répétition, le bégaiement… Je réalise au moment de parler des outils de l’auteur pour dévoiler que la ponctuation revient à chaque fois… Ce n’est pas étonnant vu qu’elle permet de rendre vivant le récit. >> Intéressée par les différentes figures de style ? Cet article les décrit avec des exemples. J’essayerai de faire quelque chose à ce sujet aussi. Écrire les émotions Ce qui est difficile lorsque l’on travaille avec les émotions en tant qu’auteur, c’est qu’il n’y a pas de solution qui s’applique à chaque fois, de recette inratable. Les émotions et leur description ne sont jamais fixes. Elles changent en fonction du personnage, du point de vue, de la situation… Un exercice d’écriture concret est proposé à la fin de cet article. Gérer le point de vue La façon d’écrire les émotions va dépendre du point de vue que vous utilisez. Si vous êtes en point de vue interne utilisation du pronom sujet Je », votre personnage n’aura aucun recul. Le lecteur verra les émotions telles quelles sont vécues de l’intérieur. Si vous êtes en point de vue externe, il s’agira plutôt de décrire ses réactions telles quelles sont visibles pour les autres — les larmes aux yeux, le visage rougi par la honte ou la colère… Et si vous avez optez pour le point de vue omniscient, vous pourrez jongler entre les pensées du personnage et ses réactions physiques. Connaître ses personnages L’écriture des émotions va aussi dépendre du caractère de votre personnage. Si certains personnages sont très expansifs et très démonstrateurs de leurs émotions, d’autres ne ressentent que très peu d’émotions et/ou ne les montrent pas beaucoup. Le challenge est de réussir à montrer leurs émotions aux lecteurs sans trahir vos personnages. L’évolution des émotions Les émotions ne sont pas uniformes. Elles évoluent. Elles peuvent être très fortes et s’atténuer dans le temps c’est souvent le cas de la colère, de la surprise… La tristesse et l’amour sont différents, il me semble. Ces émotions naissent plutôt lors d’événements qui trouvent une résonance chez le personnage. Une fleur offerte, une parole ou un geste peuvent déclencher ou raviver le sentiment d’amour. Un souvenir, une discussion ou une situation peuvent raviver la tristesse. Le choc des émotions Il ne faut pas oublier que selon les cas et les personnages, deux ou trois émotions peuvent être ressenties en même temps. Lors d’un chagrin d’amour, il peut y avoir tout à la fois la tristesse, l’amour et la colère. Les émotions s’entrechoquent alors — ce qui les renforcent, les exacerbent, les atténuent… là encore, cela dépend du caractère et du passé de votre personnage Donner des émotions Plus que de donner des émotions à ses personnages, l’auteur doit les transmettre à son lecteur. C’est un gros défi mais c’est ce qui fera que le livre fonctionnera et marquera le lecteur. Si le lecteur a peur et est triste avec votre personnage, vous avez gagné. Le style de l’auteur Écrire il était triste » ne suffira pas à faire ressentir la tristesse de son personnage. Montrer comment ses pensées se perdent, comment ses larmes ne peuvent s’arrêter de couler, par contre, aura plus d’effet. À vous de jouer avec les mots, les figures de style, les descriptions pour parvenir à toucher le lecteur. L’identification aux personnages Il y a fort à parier que si lecteur se fiche de votre personnage, il se fichera de ses émotions. Votre rôle va être de faire ressentir des émotions à propos de votre personnage pour que le lecteur puisse ensuite ressentir des émotions avec votre personnage. Si le lecteur apprécie votre personnage, il aura peur pour lui. Au contraire, s’il le déteste, il souhaitera sa fin. Mieux vaut que le lecteur ressente de la haine envers l’un de vos personnages que rien du tout il aura envie de voir ce qu’il advient de lui s’il est puni, s’il s’est sort, s’il meure…. L’ascenseur émotionnel Un événement seul et isolé ne suffira pas à faire ressentir des émotions à votre lecteur. L’intrigue est un moteur d’émotion. Dans Nos étoiles contraires, dont je vous parlais mardi dernier, c’est le fait qu’on croit que Augustus est soigné qui nous rend triste quand on découvre qu’il ne l’est pas. Le genre littéraire et les émotions Les émotions dépendent aussi du public pour lequel vous écrivez. Des enfants seront sensibles à des situations différentes que des personnes de 40 ans. Des gens lisant de la romance attendent qu’on leur parle d’amour — ils acceptent qu’on aborde d’autres sujets mais il leur faut une histoire d’amour à un certain point. Ceux qui optent pour un thriller souhaiteront être surpris et ressentir de la peur, du suspens… Et ainsi de suite. Il faut être original c’est évident, mais pour contenter le lecteur et lui transmettre des émotions, il faut lui donner ce qu’il attend. !! Le risque de l’overdose Le risque, avec les émotions, c’est de ne pas parvenir à trouver le bon équilibre. Le but n’est pas de faire de l’émotion pour faire de l’émotion. L’émotion sert à passer votre message et le rendre plus fort. Attention à ne pas surcharger vos histoires en émotions. Il faut aussi laisser le lecteur souffler et lui laisser le temps d’absorber les émotions avant de lui en donner de nouvelles. Tout est une question de dosage et de timing. ***** J’espère que cet article vous a plu. J’ai beaucoup aimé travailler dessus et m’interroger sur tout ce qui fait que je ressens de l’émotion quand je lis et j’écris. Très bon weekend et à mardi, Marièke Des exercices pratiques pour conclure Exercice 1 Si vous galérez à écrire les émotions de vos personnages, je vous conseille de commencer par travailler avec des personnages adolescents. L’adolescence est un âge où on commence à être confronté aux difficultés de l’âge adulte — les enfants plus jeunes sont souvent protégés –, où on arrête d’être protégé et où on apprend à ressentir les émotions. On les vit entièrement, sans retenue. Ecrire un personnage adolescent peut être un très bon défouloir pour l’écrivain car il laisse plus facilement exploser ses émotions. C’est beaucoup plus facile d’écrire un personnage transparent qui reflète à l’extérieur ce qu’il est à l’intérieur. Il vous suffit de vous interroger sur ce qu’il ressent pour le transmettre. Exercice 2 Une fois que vous aurez maîtrisé l’écriture des émotions de l’ado entier qui vit ses émotions à fond et ne cache rien, vous pourrez complexifier ce personnage en lui apportant des nuances. Imaginez maintenant que votre adolescent terrible a vécu un décès durant son enfance comment réagit-il face à la tristesse ? Ressent-il la joie de la même façon ? L’histoire de vos personnages et leur caractère influe forcément sur leur façon de vivre les émotions. Crédit image Capture d’écran du film Vice Versa de Dsiqui aborde le thème des émotions. Il faut que je le vois !

Évitezde la prendre pour cible, surtout si vous ne la connaissez pas bien. 4. Ne riez pas d’elle, riez avec elle. Le rire est très contagieux. Ainsi, le partage d'une situation comique peut aider à

Sujet TRACE CARTER - JE ME DISAIS QUE POUR LA SÉDUIRE, JE DEVAIS LA FAIRE RIRE. MAIS À CHAQUE FOIS QU'ELLE RIAIT, C'EST MOI QUI TOMBAIT AMOUREUX" Sam 9 Nov - 2110Invité Trace CarterBlue - 35 ans - Lieutenant de police - Célibataire/Veuf Trace est un homme autonome il n'a besoin de personne dans sa vie pour accomplir quelques choses, si vous faites partie de sa vie c'est qu'il en a envie et non pas parce qu'il a besoin de vous. Il est très débrouillard certainement un talent qu'il a développer quand il était gamin, aucune situation ne le fais paniquer il sait qu'il se débrouillera pour trouver le meilleur dans ce qu'il peut y avoir de pire. Il est très communicatif ce qui est un plus pour son travail savoir parler au gens est une qualité nécessaire dans son job. Bricoleur, il touche un peu à tout d'ailleurs il a construit sa maison de ses propres mains. Observateur, il regarde toujours avant d'agir ça lui évite beaucoup d'erreur. Charmeur, il sait faire tomber les femmes dans ses bras, mais faut-il que cela l'intéresse. Patient, il sait attendre le bon moment même si parfois le temps peut sembler être long. Curieux, il aime chercher et comprendre des mystères finalement être dans la police était un métier fait pour lui. Solide, mentalement et physiquement il n'est pas du genre à céder à la torture et au chantage. Amusant, il est le premier à faire des blagues sur tout et n'importe quoi. Serviable, il est le genre d'homme a laissé sa place à une vieille dame dans le bus, enfin faudrait déjà qu'il prenne le bus. Doux, bien qu'il soit un homme et qu'il est la plupart du temps brute Trace sait être doux quand cela est nécessaire. Rancunier, quand ont lui a fait du mal ou quand on a fait du mal à une personne qu'il aime Trace n'oublie jamais. Méfiant, son métier et ses erreurs passée lui on apprit à se méfier de tout le monde même s’il en le montre pas. Gourmand, son estomac prend bien souvent le dessus quand il s'agit de nourriture. Franc, il dit ce qu'il pense que ça plaise ou pas il ne cherche pas à comprendre quand il a quelques choses à dire, il le dit un point sait tout. Intelligent, il sait faire fonctionner les neurones qu'il a chose qui l'a bien souvent sortit de la merde. Fidèle, il n'a jamais tromper sa femme et jamais il ne l'aurait fait. Leader, il sait prendre les commandes quand ont lui donne autrement il reste humble et reste à sa place. Combattant, il est un adversaire de taille bien qu'il ne soit pas du genre violent-il sait l'être en temps et en heure. Juste, il fait ce qui lui semble juste quand la loi ne va pas dans le sens qui lui paraît être le meilleur il fait en sorte que les choses tourne en faveur de la vraie justice. Il ne sait jamais fait prendre, il a toujours bien camouflé ses arrières jamais rien ne pourra lui retomber dessus, mais il n'est pas à l'abri d'une erreur for...Lorem ipsumLorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo ipsumLorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo you wishLa liste est non-exhaustive. Je suis intéressé par toute sorte de lien ami, ennemi, amant, animal de compagnie... Venez me faire de propositions !Sujet Re TRACE CARTER - JE ME DISAIS QUE POUR LA SÉDUIRE, JE DEVAIS LA FAIRE RIRE. MAIS À CHAQUE FOIS QU'ELLE RIAIT, C'EST MOI QUI TOMBAIT AMOUREUX" Sam 9 Nov - 2110Invité Jade FarwellRencontreJade est une femme que Trace à rencontrer sur un site de rencontre. C'est sa petite sœur qui l'a inscrit sans le prévenir grâce à cela, il a rencontré la belle brune Jade. À voir ce que la suite leurs réserves. Wyatt NomMeilleur amiLorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate velit esse cillum dolore eu fugiat nulla pariatur. Excepteur sint occaecat cupidatat non proident, sunt in culpa qui officia deserunt mollit anim id est ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. 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MAIS À CHAQUE FOIS QU'ELLE RIAIT, C'EST MOI QUI TOMBAIT AMOUREUX" Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
ISBN10 ‏ : ‎ 2355840237. ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2355840234. Poids de l'article ‏ : ‎ 159 g. Dimensions ‏ : ‎ 14.2 x 1.3 x 19.1 cm. Classement des meilleures ventes d'Amazon : 839,506 en Livres ( Voir les Une dizaine de jours après son sacre, rencontre avec Paloma, reine de “Drag Race France”. Irrésistiblement drôle en Fanny Ardant “cosmique”, incandescente dans les vêtements rougeoyants de Lady Oscar ou encore espionne de nuit toute de velours vêtue dans la peau de l’actrice du muet Musidora, Paloma, tout au long de la première saison de Drag Race France, aura célébré à chacune de ses apparitions le cinéma et la culture. Alors que vient de paraître le beau clip de son single Love, l’artère – somptueuse ode cinéphile où s’entrecroisent De Palma, le giallo, Britney Spears, Mylène Farmer, le Rocky Horror Picture Show et des clins d’œil au cinéma de Jacques Nolot ou Paul Vecchiali -, et avant que ne débute la tournée de Drag Race France, rencontre avec la reine dans un café parisien, et avec le roi qui se cache derrière, Hugo Bardin. Ça fait un peu plus d’une semaine que tu as gagné Drag Race France, comment te sens-tu ? Paloma — Je pense que c’est un peu compliqué de rationaliser le fait d’avoir gagné Drag Race quand on regarde l’émission depuis dix ans. J’ai toujours été très fan, j’ai toujours eu envie de la faire, je ne pensais pas qu’elle arriverait en France, tout s’est passé tellement vite. En novembre, il y a eu l’annonce. En janvier, on savait si on était prises et en mars, on tournait. Je pense que j’ai réalisé quand j’ai reçu des messages des gagnantes des saisons américaines. Je m’attendais à ce qu’il y ait un engouement du public queer, mais je ne pensais pas que le grand public allait adhérer autant, que la presse allait nous suivre à ce point. Comment expliques-tu le décalage qui existe entre les États-Unis, où RuPaul’s Drag Race existe depuis treize ans, et la France ? C’est très bizarre les États-Unis par rapport à ça. Autant ils sont vachement réacs sur plein de trucs, autant ils assument très fort leur côté progressiste sur d’autres. Il y a une vraie célébration des LGBT, de la culture queer. Le drag fait partie de la culture américaine. Les gens vont voir des drag shows aux États-Unis, comme nous on va au cinéma. Les drags sont vraiment considérés comme des artistes, comme des personnes qui font de l’entertainment. Nous, soit on nous voit comme des gens qui font de l’animation, soit on pense que c’est un hobby de fin de soirée. Quand je regarde des documentaires des années 1990, 2000, on est des go-go dancers dans les soirées du Marais, c’est très réducteur. Je pense aussi qu’en France, il y a un certain snobisme culturel, une hiérarchisation de l’art. C’est quelque chose que je sens depuis toujours, parce que je viens du théâtre et que je connais la bataille théâtre privé, théâtre public, cinéma d’auteur et cinéma grand public. Étonnamment, avec le drag, on arrive à être aimé par tous les publics. C’est ce qui me plaît dans la réaction des gens. L’émission permet de voir qu’on est à la fois là pour divertir, avec ce côté un peu politiquement incorrect, outrancier, qui fait partie de l’essence du drag, et, en même temps, c’est une vraie discipline artistique qui peut être poétique, référencée, réfléchie, avec une vraie rigueur. “Autant les États-Unis sont vachement réacs sur plein de trucs, autant ils assument très fort leur côté progressiste sur d’autres. Il y a une vraie célébration des LGBT, de la culture queer” Tu as été désignée comme la drag intello de cette première édition. Est-ce que c’est cet endroit-là, entre le mainstream et quelque chose de plus “auteuriste”, de plus pointu, que tu convoites dans la vie, en tant qu’artiste ? J’ai toujours fonctionné comme ça. Quand j’ai commencé le théâtre, je me souviens avoir entendu des directeurs de théâtre de salles très sérieuses me dire “Ah non, mais vous vous faites du spectacle”. Je ne comprends pas ce que ça veut dire. Je crois que c’est très impoli d’ennuyer les gens et qu’on peut les faire réfléchir tout en étant drôle ou en étant divertissant. Je la cite tout le temps parce que je m’identifie un peu à elle, et je trouve qu’elle a une place importante dans la culture française, c’est Valérie Lemercier. Elle arrive à être aimée autant par les intellos que par le grand public, parce que, justement, elle ne se positionne pas, elle n’a pas ce regard très snob, qui consiste à vouloir plaire à un certain public. Je trouve que le snobisme marche dans les deux sens ne vouloir plaire qu’au grand public ou ne vouloir plaire qu’à une élite. Je trouve ça idiot, on ne choisit pas son public quand on fait de l’art, on crée quelque chose sans vouloir le placer sur l’échelle sociale. Les drag queens sont des artistes un peu marginaux, sous-côtés depuis toujours et, de fait, personne ne les attend. Faisons ce qu’on a envie de faire, les gens se reconnaîtront ou pas. Moi qui connais très bien l’émission, qui savais quand même un petit peu ce qu’il fallait faire pour la gagner, je savais très bien que je prenais un risque énorme en étant autant authentique. Au début, je me suis dit “Pourquoi tu fais pas le truc qui va plaire à tout le monde?”. Parce que je n’en suis pas capable, je ne me serais pas senti intègre. Je suis arrivé dans la compétition en pensant que je n’allais pas du tout fédérer et qu’on allait me sortir les mêmes trucs qu’au lycée “L’intello avec de vieilles références, t’as 20 ans, mais t’en as 70 dans ta tête”. Tu t’es souvent senti en décalage avec ton âge ? J’ai toujours dit que je voulais être comme Karl Lagerfeld je veux connaître toute l’histoire du monde, mais je veux être connecté au présent. Je trouve ça important d’être connecté à ce qui se fait aujourd’hui, à ce qui marche, à ce qui plaît, mais je considère que ma culture est importante. J’ai grandi dans une famille où l’histoire, l’histoire de l’art, ce qui a été fait avant sont aussi importants que ce qui se fait maintenant. J’essaye d’intégrer ma culture un peu vieillotte à mes goûts d’aujourd’hui. Quand j’ai fait mon défilé Lady Oscar, j’étais persuadé que c’était un truc que personne ne connaissait. Finalement, j’ai reçu des centaines de messages, en plus, c’est une icône lesbienne donc je me suis mis dans la poche toutes les lesbiennes, ce qui me va très bien. Tu disais que ton appréhension était liée aussi au fait que tu n’as pas une histoire douloureuse. C’est un truc assez général dans notre groupe tout le monde va bien. On a tous et toutes, à part une ou deux exceptions, eu des histoires de famille assez paisibles. Mais c’est vrai que quand je suis arrivé dans l’émission, je me dis dit que j’étais le cliché du blanc privilégié, à l’aise avec son genre, qui vient d’une famille plutôt bourgeoise, intello. Mais je pense que le fait d’aller bien est un message fort qui est envoyé pour une première saison. Quand on a une place qui n’est pas acquise, il vaut mieux envoyer des signaux positifs. Même là, en promo, je me rends compte que lorsque qu’on me pose des questions politiques, mon premier réflexe est de dire ce qui ne va pas. Je pense que pour changer les choses et pour se faire entendre, il faut commencer par trouver ce qui est positif, ce qu’on peut améliorer. Dit comme ça, ça fait un peu un discours de Miss Universe, j’entends. Mais on est sur un siège éjectable tout le temps, on le voit bien aux États-Unis, on remet aujourd’hui en question le droit à l’IVG, c’est gravissime. Donc même si j’ai envie, parfois, de hurler ma rage, il faut aussi que j’ai un discours qui fédère, surtout qu’on entend beaucoup de choses sur “le lobby LGBT, le lobby LGBT…” Ça m’agace, mais ces gens-là, si j’arrive et que je gueule, ils ne vont pas m’écouter, alors que si je les fais rire, que j’essaye d’être plus malin, peut-être que les choses vont avancer. Tu penses que la colère est importante ? La colère est importante, je pense que Virginie Despentes n’aurait pas la carrière qu’elle a si, à un moment, elle n’avait pas gueulé très, très fort. Même chose pour les féministes. D’autres gens ont gueulé avant moi, mais moi je suis une drag queen, les gens ont envie de rigoler avec les drag queens. Ce n’est pas mon emploi, je ne suis pas politicien, je suis un personnage qui est amené à parler de politique parce que c’est ce qu’on attend d’une drag queen, mais il ne faut pas que j’oublie que je suis aussi un clown. Comment tu définirais le drag aujourd’hui ? Ah, cette question… J’ai l’impression que, quel que soit l’axe que je prends, ce n’est jamais le bon. Les gens ont tendance à dire que le drag c’est un garçon qui s’habille en femme. Alors non, si ça n’était que ça, ça ne serait pas intéressant. Mon but, quand je fais du drag, n’est pas d’être une femme ou de ressembler à une femme, d’ailleurs je ne ressemble pas à une femme et je pense qu’aucune femme ne se reconnaît dans mon personnage. “Mon but, quand je fais du drag, n’est pas d’être une femme ou de ressembler à une femme, d’ailleurs je ne ressemble pas à une femme et je pense qu’aucune femme ne se reconnaît dans mon personnage” C’est un bon argument pour contrer celles et ceux qui parlent de “woman face”... C’est pour ça que je tiens à en parler. Le drag n’est pas le reflet d’une réalité, ce n’est pas une tentative d’imitation. Le drag, ça peut être tout et n’importe quoi, n’importe qui peut en faire, les hommes, les femmes, cisgenres, transgenres, non-binaires. Tout le monde peut choisir d’explorer un genre ou pas. Je pourrais très bien jouer une espèce de créature irréelle, qui ne soit pas genrée, et ça aurait le même intérêt. Dans Drag Race est mis en lumière un type de drags plus genrés parce que l’émission, historiquement, est aussi un peu une parodie des concours de beauté. Mais il faut le prendre au millième degré. Quand je me mets en drag, le but est de me créer un personnage qui soit un peu irréel, qui soit plus fort que moi, qui laisse les gens pantois, qui fascine et qui me permette de faire de l’art. Je sais très bien que s’il n’y avait pas eu Paloma dans ma vie, j’aurais eu du mal à percer parce que je ne fitte pas avec les codes. Paloma me permet d’avoir un coup de projecteur. Je pense que le drag sert à ça à s’exprimer, à créer, à avoir un discours politique. Je cite toujours Lady Gaga ou David Bowie, je trouve que ce sont de bons exemples. Ce sont des personnes qui n’étaient pas dans le moule, et qui se sont créées leur propre personnage public, leur moyen d’expression. Est-ce que tu te souviens de la première image drag qui t’a marquée ? Je pense que c’est Ursula dans La Petite Sirène, qui est d’ailleurs basée sur Divine [drag queen créée et incarnée par l’acteur américain Harris Glenn Milstead], filmée par John Waters, qui est une drag queen comme beaucoup de méchantes de Disney. Avec Ursula, il y avait ce truc qui allait au-delà d’une image féminine réaliste. Je me suis reconnu en tant que garçon queer. J’en parlais dans une interview l’autre jour, quand on étudie l’histoire de Walt Disney, l’époque du maccarthysme, on voit que les méchants dans la fiction aux États-Unis dans les années 1950 – 1960 étaient souvent homosexuels ou queer, parce que, justement, il y avait la chasse aux homos. Du coup, un personnage était encore plus menaçant s’il était ambigu sexuellement. C’est pour ça que les méchants hommes sont toujours hyper précieux et que les femmes sont toujours maquillées comme des travestis. Quand on analyse bien les méchants dans les dessins animés, ils ont souvent des raisons de l’être, ils sont souvent rejetés par le groupe, ce sont des outsiders, ils ne sont pas dans la norme. Je pense aussi que c’est pour ça que les queers, on s’identifie beaucoup à ces personnages-là. Paloma est-elle une compression de toutes tes héroïnes d’enfance ? Elle a quelque chose de suranné, un peu gothique. J’étais complètement gothique, romantique au lycée. J’avais de la dentelle partout, mon but était de ressembler à Isabelle Adjani dans La Reine Margot, d’être blanc comme neige avec de longs cheveux noirs. On en parlait l’autre jour avec Kam [Kam Hugh fait partie des drag queens de la saison 1 de Drag Race France], et on se disait que c’était drôle à quel point notre drag ressemble à nos héroïnes et à nos goûts adolescents qu’on n’assumait peut-être pas avant. Mais quand tu te mets à faire du drag, ce sont des choses qui reviennent. Au début, je ne voulais pas trop donner une identité précise à Paloma et, en fait, je me rends compte qu’il y a un truc qui lie l’ensemble, c’est mon adolescence et ces héroïnes comme Lady Oscar ou Milady qui était espionne de Richelieu dans Les Trois Mousquetaires. Encore un personnage de méchante, alors qu’elle s’est faite violer et pendre par son mari. Tu m’étonnes qu’elle ait envie de se venger des hommes ! Fantine dans Les Misérables aussi. J’ai vraiment un truc avec le 17e et le 18e siècles. Et puis Mylène quoi ! De toute façon, il y a un lien entre Mylène et Lady Oscar. À partir de quand as-tu créé Paloma ? Récemment. Avant Paloma, je faisais un peu de drag, mais je faisais plein de personnages différents. J’ai commencé le drag très jeune, à 17 ans, dans un spectacle à Clermont. Puis, je suis venu à Paris, j’ai fait les cours Florent. Je faisais du drag sur scène dans des spectacles en tant que comédien, mais je n’appelais pas ça du drag. Je jouais juste des rôles féminins ou des rôles de travesti. Puis, j’ai arrêté pendant des années avant de créer une série en 2017-2018 qui s’appelait Gourmandes, où je faisais la cuisine avec des personnages de drag queen, mais il n’y avait pas encore Paloma à l’époque. C’est quand j’ai écrit le scénario de mon court métrage Paloma que je me suis dit que j’allais créer ce personnage sans savoir que ça allait devenir ma vie. Je voulais simplement vivre vraiment l’expérience de drag, les performances sur scène, les Lip Sync… À partir de ce moment-là, j’ai commencé à faire des scènes ouvertes. C’est là que j’ai rencontré Kam et La Grande Dame [comme Kam Hugh, fait également partie des drag queens de la saison 1 de Drag Race France] avec qui je suis devenu ami. J’ai travaillé tout de suite en tant que drag queen et c’est là que Paloma est devenu mon personnage public et de scène. Depuis un an, le drag occupe 80 % de mon temps. Dans l’interview que tu as accordée à TROISCOULEURS, tu dis que les personnages masculins ne t’ont jamais beaucoup intéressé au cinéma. Paloma te permet à la fois d’accomplir le fantasme de devenir les héroïnes que tu as aimées, mais aussi d’être l’actrice que tu aurais rêvé d’être. Je pense que le truc que m’a appris Paloma, c’est que Hugo n’est pas moins bien. Pendant longtemps, je me disais que Paloma allait être parfaite, qu’elle allait cocher toutes les cases. Aujourd’hui, j’ai beaucoup plus de facilité à accepter de travailler aussi en tant que Hugo. Avant, en tant que comédien, quand on me proposait des projets, j’avais peur d’être ridicule, de ne pas me sentir légitime en tant que mec pas viril. Peut-être qu’aujourd’hui, je me poserais moins la question parce que, justement, j’ai Paloma. En ce moment, j’ai vraiment envie de travailler en tant que Paloma, mais je ne suis pas fermé pour travailler en tant que Hugo. C’est quelque chose que je pourrais répondre à Marguerite Stern et aux TERFs [littéralement trans-exclusionary radical feminist, renvoie à des féministes qui excluent les femmes trans des luttes féministes], par rapport au fait que je me reconnaisse davantage dans les rôles féminins. Je pense que c’est ça le lien entre les drag queens, les personnes LGBT de manière générale, et les femmes. Ce qui ne m’intéressait pas dans les personnages masculins, et ce qui ne m’intéresse pas chez les hommes d’une manière générale, c’est que leur place est tellement acquise partout que ce sont des personnages qui ne s’excusent jamais d’être là. Ils sont tellement omniprésents qu’ils ne se posent aucune question sur leur légitimité. Ça me les rend, pas tous mais certains, complètement opaques. Dans les films, souvent, je vois l’actrice qui essaye d’exister et je sais à quel point c’est plus difficile pour elle de s’imposer, davoir un rôle qui a de l’intérêt. Je trouve toujours les rôles féminins plus beaux, parce qu’il y a cette dimension un peu tragique derrière. Je me sens beaucoup plus proche des nanas, parce qu’elles ne m’ont jamais rejeté quand j’étais ado. Elles ont toujours été des alliées pour nous, donc il y a forcément une reconnaissance et une fascination. Ça me plaît de me dire que si, aujourd’hui, je suis un peu connu, je ne le suis pas en tant que figure masculine toxique, je le suis en tant que figure de garçon qui joue avec des codes de féminité et qui montre une image non-toxique de la masculinité. “Je pense que le truc que m’a appris Paloma, c’est que Hugo n’est pas moins bien” Ce sont tes parents qui t’ont initié au cinéma, au théâtre ? Mon grand-père m’a amené l’histoire de l’art, la lecture, ma grand-mère, la lecture et la musique. Ma tante, c’était le théâtre, mais le cinéma, c’est vraiment mon endroit à moi. À 11 ans, je me promenais dans Clermont avec ma grand-mère et j’ai vu les affiches de Huit femmes de François Ozon. À l’époque, il y avait des affiches individuelles, chacune des actrices avait la sienne. C’était un peu une chasse au trésor dans Clermont. J’ai tanné ma grand-mère pour faire le tour de Clermont et pour toutes les trouver. Quand je suis rentré, j’ai vu dans Télérama qu’il avait trois ou quatre pages sur le film. J’ai dit à ma grand-mère “ ”On y va !“. C’était Noël 2002, il neigeait comme dans le film et ça a été un choc absolu. Le féministe que je suis revient sur certains trucs aujourd’hui. Les femmes sont très cruelles entre elles, c’est le gros défaut du film, mais c’est ce qui m’a donné envie de faire du cinéma, de réaliser. À partir de là, j’ai bouffé la filmographie de toutes les actrices Huppert, Ardant, Deneuve, Béart et toutes les autres. Emmanuelle Béart, c’est vraiment l’actrice qui me touche le plus, c’est un peu inexplicable, j’ai l’impression de comprendre sa faille. Le cinéma a été très cruel avec elle, les gens l’ont poussée à être une image charnelle et le jour où elle a abîmé cette image, on l’a oubliée. À part deux ou trois réalisateurs qui ont vraiment su filmer son cul et son âme en même temps, comme Rivette, j’ai à chaque fois l’impression que la caméra la viole et que ça se voit dans ses yeux. Du coup, elle a un truc dramatique comme Romy Schneider. Elle me bouleverse. Ma cinéphilie a commencé comme ça. Après, il y a eu Tim Burton, qui a beaucoup joué, qui m’a ouvert au cinéma américain. Et puis Almodóvar. C’est le cinéaste qui t’inspire le plus aujourd’hui ? Sauf peut-être deux ou trois films récents, où je commence à sentir qu’il a les deux pieds dans le système. J’aimais bien les films bricolés du début, en studio, avec des décors peints. Ce sont des films que j’aurais aimé réaliser. Je trouve que ça manque en France. En Espagne, tout le monde peut aller voir un Almodóvar et se marrer, se reconnaître. Il n’y a aucun snobisme dans la manière qu’il a de parler des gens et, en même temps, c’est un cinéma hyper pointu, hyper arty. En France, le cinéma du milieu a disparu, je suis un peu nostalgique des années 1990, où on faisait des films hyper grand public, des films historiques, avec de gros budgets La Reine Margot, Cyrano, Vatel, Le Bossu… Les gens se ruaient en salle et ça plaisait, ou, sans parler de films historiques, les films de Jaoui et Bacri, le cinéma d’Étienne Chatiliez. Il y avait une époque où on savait faire ce cinéma-là. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, soit on veut refaire le succès de la veille avec des gros sabots et des comédies qui tâchent, ou alors on est dans un cinéma hyper élitiste, célébré à Cannes. Est-ce qu’il y a des cinéastes qui t’intéressent aujourd’hui ? J’adore Céline Sciamma. J’aime beaucoup Sólveig Anspach et Louis-Julien Petit, je trouve que c’est un bon exemple de quelqu’un qui a réussi à faire le lien, à faire de la comédie sociale intéressante. Je me rends compte que le média qui a très bien compris ça, c’est la série. C’est un média qui n’a pas peur de faire des choses risquées tout en étant grand public. La série ne tient pas s’il n’y a pas une ouverture au grand public et, en même temps, c’est un endroit où on peut être hyper créatif. Tu en regardes beaucoup ? Je dévore les séries. Je suis un fan de The Crown. J’ai dévoré, à l’époque, Orange is the new black. Ma série préférée de tous les temps, c’est What We Do in the Shadows, une série américaine sur des vampires en coloc. La série qui est très importante pour moi, c’est Absolutely Fabulous. J’adore les Anglais, ils savent faire ce fameux humour as déjà réalisé plusieurs films, dont un long métrage. Tu as d’autres projets de réalisation ? Un mois avant de faire Drag Race, je réalisais un court en costumes d’époque sur la chasse aux sorcières à la Renaissance. C’était un téléfilm interactif pour une application et j’en ai fait une version courte qui va bientôt sortir. Sinon, j’ai un projet de long. Je suis très ami avec Bambi, qui est dans le documentaire de Sébastien Lifshitz. Elle est la première femme trans à s’être officiellement déclarée comme femme trans en France, elle était au cabaret Madame Arthur. Elle m’a ouvert tous les manuscrits qu’elle a écrits sur sa vie, elle a une tonne d’archives et j’aimerais beaucoup faire un film sur Madame Arthur, sur les cabarets travestis dans les années 1950 – 1960 à Paris et sur ces pionnières qui ont traversé la Méditerranée pour se faire opérer, et qui ont vécu des vies complètement incroyables. J’ai des projets de théâtre, j’aimerais bien faire un seul en scène, j’ai aussi un projet de pièce avec des drag queens et, surtout, j’aimerais bien avoir une chronique à la télé, un peu genre Catherine et Liliane, ou alors avec carrément un talk-show, comme ce que faisait Ru Paul avec le RuPaul show, un truc branché culture, cinéma, musique. Toutes les infos sur la tournée Drag Race France ici. Drag Race FranceEntretienPaloma Ellesont toujours été des alliées pour nous, donc il y a forcément une reconnaissance et une fascination. Ça me plaît de me dire que si, aujourd’hui, je suis un peu Cet article vous propose 100 citations d’Albert Camus 1913 – 1960 livrées, pour la plupart, in extenso. En effet, nombre de sites internet ne proposent que des versions tronquées ou faussées de certaines phrases tirées de son oeuvre, ce qui les rend souvent presque incompréhensibles. Albert Camus, écrivain, philosophe, journaliste, est l’auteur d’une oeuvre centrée sur l’absurde, c’est-à-dire la condition de l’homme moderne qui vit dans un monde dénué de sens, et sur la réponse à cette condition, la révolte. L’oeuvre de Camus ne s’y limite cependant pas. D’autres thèmes marquent son oeuvre, à l’image de l’Algérie, dont il est originaire. Voir ici 74 citations de ClemenceauSommaireCitations de Camus tirées de L’envers et l’endroit 1937Citations d’Albert Camus tirées de Noces 1939Citations d’Albert Camus tirées du Mythe de Sisyphe 1942Citations d’Albert Camus tirées de L’étranger 1942Citations d’Albert Camus tirées de Caligula 1944Citations d’Albert Camus tirées de Lettres à un ami allemand 1945Citations d’Albert Camus tirées de La Peste 1947Citations d’Albert Camus tirées de L’État de siège 1948Citations d’Albert Camus tirées de Les Justes 1949Citations d’Albert Camus tirées de L’Homme révolté 1951Citations d’Albert Camus tirées de L’Été 1954Citations d’Albert Camus tirées d’Actuelles et de Combat 1950 – 1958Tirées de La chute 1956Tirées de Réflexions sur la guillotineTirées du discours de réception du prix Nobel de littérature 1957Tirées des Carnets posthumesAutres citationsCitations de Camus tirées de L’envers et l’endroit 1937L’envers et l’endroit est une oeuvre de jeunesse de Camus composée de cinq Ce que j’ai dit ne reste pas moins vrai. Je rencontre parfois des gens qui vivent au milieu de fortunes que je ne peux même pas imaginer. Il me faut cependant un effort pour comprendre qu’on puisse envier ces fortunes. Pendant huit jours, il y a longtemps, j’ai vécu comblé des biens de ce monde nous dormions sans toit, sur une plage, je me nourrissais de fruits et je passais la moitié de mes journées dans une eau déserte. J’ai appris à cette époque une vérité qui m’a toujours poussé à recevoir les signes du confort, ou de l’installation, avec ironie, impatience, et quelques fois avec fureur. Bien que je vive maintenant sans le souci du lendemain, donc en privilégié, je ne sais pas de 1958, Je n’envie rien, ce qui est mon droit, mais je ne pense pas toujours aux envies des autres et cela m’ôte de l’imagination, c’est- à-dire de la bonté. Il est vrai que je me suis fait une maxime pour mon usage personnel Il faut mettre ses principes dans les grandes choses, aux petites la miséricorde suffit. » Hélas ! on se fait des maximes pour combler les trous de sa propre nature. Chez moi, la miséricorde dont je parle s’appelle plutôt indifférence. Ses effets, on s’en doute, sont moins de 1958, S’il est vrai que les seuls paradis sont ceux qu’on a perdus, je sais comment nommer ce quelque chose de tendre et d’inhumain qui m’habite aujourd’hui. Un émigrant revient dans sa patrie. Et moi, je me souviens. Ironie, raidissement, tout se tait et me voici rapatrié. Je ne veux pas remâcher du bonheur. C’est bien plus simple et c’est bien plus facile. Car de ces heures que, du fond de l’oubli, je ramène vers moi, s’est conservé surtout le souvenir intact d’une pure émotion, d’un instant suspendu dans l’éternité. Cela seul est vrai en moi et je le sais toujours trop tard. Nous aimons le fléchissement d’un geste, l’opportunité d’un arbre dans le paysage. Et pour recréer tout cet amour, nous n’avons qu’un détail, mais qui suffit une odeur de chambre trop longtemps fermée, le son singulier d’un pas sur la route. Ainsi de moi. Et si j’aimais alors en me donnant, enfin j’étais moi-même puisqu’il n’y a que l’amour qui nous rende à J’admire qu’on puisse trouver au bord de la Méditerranée des certitudes et des règles de vie, qu’on y satisfasse sa raison et qu’on y justifie un optimisme et un sens social. Car enfin, ce qui me frappait alors ce n’était pas un monde fait à la mesure de l’homme – mais qui se refermait sur l’homme. Non, si le langage de ces pays s’accordait à ce qui résonnait profondément en moi, ce n’est pas parce qu’il répondait à mes questions, mais parce qu’il les rendait inutiles. Ce n’était pas des actions de grâces qui pouvaient me monter aux lèvres, mais ce Nada qui n’a pu naître que devant des paysages écrasés de soleil. Il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de ajoute dans la préface de 1958 5. Il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre », ai-je écrit, non sans emphase, dans ces pages. Je ne savais pas à l’époque à quel point je disais vrai ; je n’avais pas encore traversé les temps du vrai d’Albert Camus tirées de Noces 1939Stèle en mémoire des Noces à Tipaza d’Albert Camus Wikimédia Commons 100 citations d’Albert CamusNoces est un recueil d’essais dans lesquels Albert Camus revient sur sa jeunesse Il n’y a pas de honte à être heureux. Mais aujourd’hui l’imbécile est roi, et j’appelle imbécile celui qui a peur de J’entends bien qu’un tel peuple ne peut être accepté de tous. Ici, l’intelligence n’a pas de place comme en Italie. Cette race est indifférente à l’esprit. Elle a le culte et l’admiration du corps. Elle en tire sa force, son cynisme naïf, et une vanité puérile qui lui vaut d’être sévèrement jugée. On lui reproche communément sa mentalité », c’est- à-dire une façon de voir et de vivre. Et il est vrai qu’une certaine intensité de vie ne va pas sans injustice. Voici pourtant un peuple sans passé, sans tradition et cependant non sans poésie – mais d’une poésie dont je sais bien la qualité dure, charnelle, loin de la tendresse, celle même de leur ciel, la seule à la vérité qui m’émeuve et me rassemble. Le contraire d’un peuple civilisé, c’est un peuple créateur. Ces barbares qui se prélassent sur des plages, j’ai l’espoir insensé qu’à leur insu peut-être, ils sont en train de modeler le visage d’une culture où la grandeur de l’homme trouvera enfin son vrai visage. Ce peuple tout entier jeté dans son présent vit sans mythes, sans consolation. Il a mis tous ses biens sur cette terre et reste dès lors sans défense contre la mort. Les dons de la beauté physique lui ont été De la boîte de Pandore où grouillaient les maux de l’humanité, les Grecs firent sortir l’espoir après tous les autres, comme le plus terrible de tous. Je ne connais pas de symbole plus émouvant. Car l’espoir, au contraire de ce qu’on croit, équivaut à la résignation. Et vivre, c’est ne pas se Je me trompe peut-être. Car enfin je fus heureux à Florence et tant d’autres avant moi. Mais qu’est-ce que le bonheur sinon le simple accord entre un être et l’existence qu’il mène ? Et quel accord plus légitime peut unir l’homme à la vie sinon la double conscience de son désir de durée et son destin de mort ? d’Albert Camus tirées du Mythe de Sisyphe 1942Sisyphe, par Franz von Stuck, 1920 Wikimédia Commons 100 citations d’Albert CamusLe Mythe de Sisyphe fait partie du cycle de l’absurde, avec L’étranger 1942, Caligula 1944 et Le malentendu 1944. C’est le plus célèbres des essais philosophiques d’Albert Camus, dans lequel il introduit sa philosophie de l’ sur l’absurde10. Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la de l’essai, On n’a jamais traité du suicide que comme d’un phénomène social. Au contraire, il est question ici, pour commencer, du rapport entre la pensée individuelle et le suicide. Un geste comme celui-ci se prépare dans le silence du cœur au même titre qu’une grande œuvre. L’homme lui-même l’ignore. Un soir, il tire ou il plonge. D’un gérant d’immeubles qui s’était tué, on me disait un jour qu’il avait perdu sa fille depuis cinq ans, qu’il avait beaucoup changé depuis et que cette histoire l’avait miné ». On ne peut souhaiter de mot plus exact. Commencer à penser, c’est commencer d’être miné. La société n’a pas grand-chose à voir dans ces débuts. Le ver se trouve au cœur de l’homme. C’est là qu’il faut le chercher. Ce jeu mortel qui mène de la lucidité en face de l’existence à l’évasion hors de la lumière, il faut le suivre et le tuer, dans un sens, et comme au mélodrame, c’est avouer. C’est avouer qu’on est dépassé par la vie ou qu’on ne la comprend Je disais que le monde est absurde et j’allais trop vite. Ce monde en lui-même n’est pas raisonnable, c’est tout ce qu’on en peut dire. Mais ce qui est absurde, c’est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’ Sur un tout autre plan, celui de la méthode, par leurs outrances mêmes, Husserl et les phénoménologues restituent le monde dans sa diversité et nient le pouvoir transcendant de la raison. L’univers spirituel s’enrichit avec eux de façon incalculable. Le pétale de rose, la borne kilométrique ou la main humaine ont autant d’importance que l’amour, le désir, ou les lois de la gravitation. Penser, ce n’est plus unifier, rendre familière l’apparence sous le visage d’un grand principe. Penser, c’est réapprendre à voir, à être attentif, c’est diriger sa conscience. C’est faire de chaque idée et de chaque image, à la façon de Proust, un lieu privilégié. Paradoxalement, tout est privilégié. Ce qui justifie la pensée, c’est son extrême le plan de l’intelligence, je puis donc dire que l’absurde n’est pas dans l’homme si une pareille métaphore pouvait avoir un sens, ni dans le monde, mais dans leur présence commune. Il est pour le moment le seul lien qui les unisse. Si j’en veux rester aux évidences, je sais ce que veut l’homme, je sais ce que lui offre le monde et maintenant je puis dire que je sais encore ce qui les unit. Je n’ai pas besoin de creuser plus avant. Une seule certitude suffit à celui qui cherche. Il s’agit seulement d’en tirer toutes les Pour Chestov, la raison est vaine, mais il y a quelque chose au-delà de la raison. Pour un esprit absurde, la raison est vaine et il n’y a rien au-delà de la C’est qu’en vérité le chemin importe peu, la volonté d’arriver suffit à L’absurde, c’est la raison lucide qui constate ses Je comprends alors pourquoi les doctrines qui m’expliquent tout m’affaiblissent en même temps. Elles me déchargent du poids de ma propre vie et il faut bien pourtant que je le porte seul. À ce tournant, je ne puis concevoir qu’une métaphysique sceptique aille s’allier à une morale du S’il suffisait d’aimer, les choses seraient trop simples. Plus on aime et plus l’absurde se consolide. Ce n’est point par manque d’amour que Don Juan va de femme en femme. Il est ridicule de le représenter comme un illuminé en quête de l’amour total. Mais c’est bien parce qu’il les aime avec un égal emportement et chaque fois avec tout lui-même, qu’il lui faut répéter ce don et cet approfondissement. De là que chacune espère lui apporter ce que personne ne lui a jamais donné. Chaque fois, elles se trompent profondément et réussissent seulement à lui faire sentir le besoin de cette répétition. Enfin, s’écrie l’une d’elles, je t’ai donné l’amour. » S’étonnera-t-on que Don Juan en rie Enfin ? non, dit-il, mais une fois de plus. » Pourquoi faudrait-il aimer rarement pour aimer beaucoup ? Don Juan est-il triste ? Cela n’est pas vraisemblable. À peine ferais-je appel à la chronique. Ce rire, l’insolence victorieuse, ce bondissement et le goût du théâtre, cela est clair et joyeux. Tout être sain tend à se multiplier. Ainsi de Don Juan. Mais de plus, les tristes ont deux raisons de l’être, ils ignorent ou ils espèrent. Don Juan sait et n’espère pas. Il fait penser à ces artistes qui connaissent leurs limites, ne les excèdent jamais, et dans cet intervalle précaire où leur esprit s’installe, ont toute la merveilleuse aisance des maîtres. Et c’est bien là le génie l’intelligence qui connaît ses Ne pas croire au sens profond des choses, c’est le propre de l’homme L’homme absurde est celui qui ne se sépare pas du temps. Don Juan ne pense pas à collectionner » les femmes. Il en épuise le nombre et avec elles ses chances de vie. Collectionner, c’est être capable de vivre de son passé. Mais lui refuse le regret, cette autre forme de l’espoir. Il ne sait pas regarder les Il y a ceux qui sont faits pour vivre et ceux qui sont faits pour aimer. Don Juan du moins le dirait volontiers. Mais ce serait par un raccourci comme il peut en choisir. Car l’amour dont on parle ici est paré des illusions de l’éternel. Tous les spécialistes de la passion nous l’apprennent, il n’y a d’amour éternel que contrarié. Il n’est guère de passion sans lutte. Un pareil amour ne trouve de fin que dans l’ultime contradiction qui est la Il s’agit pour lui de voir clair. Nous n’appelons amour ce qui nous lie à certains êtres que par référence à une façon de voir collective et dont les livres et les légendes sont responsables. Mais de l’amour, je ne connais que ce mélange de désir, de tendresse et d’intelligence qui me lie à tel être. Ce composé n’est pas le même pour tel autre. Je n’ai pas le droit de recouvrir toutes ces expériences du même nom. Cela dispense de les mener des mêmes gestes. L’homme absurde multiplie encore ici ce qu’il ne peut unifier. Ainsi découvre-t-il une nouvelle façon d’être qui le libère au moins autant qu’elle libère ceux qui l’approchent. Il n’y a d’amour généreux que celui qui se sait en même temps passager et Dans l’univers que Don Juan entrevoit, le ridicule aussi est compris. Il trouverait normal d’être châtié. C’est la règle du jeu. Et c’est justement sa générosité que d’avoir accepté toute la règle du jeu. Mais il sait qu’il a raison et qu’il ne peut s’agir de châtiment. Un destin n’est pas une Quelques archéologues peut-être chercheront des témoignages » de notre époque. Cette idée a toujours été enseignante. Bien méditée, elle réduit nos agitations à la noblesse profonde qu’on trouve dans l’indifférence. Elle dirige surtout nos préoccupations vers le plus sûr, c’est-à-dire vers l’immédiat. De toutes les gloires, la moins trompeuse est celle qui se Un homme est plus un homme par les choses qu’il tait que par celles qu’il Dans cet univers, l’œuvre est alors la chance unique de maintenir sa conscience et d’en fixer les aventures. Créer, c’est vivre deux fois. La recherche tâtonnante et anxieuse d’un Proust, sa méticuleuse collection de fleurs, de tapisseries et d’angoisses ne signifient rien d’autre. En même temps, elle n’a pas plus de portée que la création continue et inappréciable à quoi se livrent tous les jours de leur vie, le comédien, le conquérant et tous les hommes absurdes. Tous s’essaient à mimer, à répéter et à recréer la réalité qui est la leur. Nous finissons toujours par avoir le visage de nos vérités. L’existence tout entière, pour un homme détourné de l’éternel, n’est qu’un mime démesuré sous le masque de l’absurde. La création, c’est le grand Pour l’homme absurde, il ne s’agit plus d’expliquer et de résoudre, mais d’éprouver et de L’artiste au même titre que le penseur s’engage et se devient dans son L’œuvre d’art naît du renoncement de l’intelligence à raisonner le concret. Elle marque le triomphe du charnel. C’est la pensée lucide qui la provoque, mais dans cet acte même elle se Si le monde était clair, l’art ne serait Dieu existe, tout dépend de lui et nous ne pouvons rien contre sa volonté. S’il n’existe pas, tout dépend de nous. Pour Kirilov comme pour Nietzsche, tuer Dieu, c’est devenir dieu soi-même, c’est réaliser dès cette terre la vie éternelle dont parle l’ Créer, c’est ainsi donner une forme à son Si ce mythe est tragique, c’est que son héros est conscient. Où serait en effet sa peine, si à chaque pas l’espoir de réussir le soutenait ? L’ouvrier d’aujourd’hui travaille, tous les jours de sa vie, aux mêmes tâches et ce destin n’est pas moins absurde. Mais il n’est tragique qu’aux rares moments où il devient conscient. Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté, connaît toute l’étendue de sa misérable condition c’est à elle qu’il pense pendant sa descente. La clairvoyance qui devait faire son tourment consomme du même coup sa victoire. Il n’est pas de destin qui ne se surmonte par le Je laisse Sisyphe au bas de, la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni futile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe d’Albert Camus tirées de L’étranger 1942Le plus célèbre roman d’Albert Camus, dont l’incipit est resté célèbre. Il fait partie du cycle de l’absurde, avec le Mythe de Sisyphe 1942, Caligula 1944 et Le malentendu 1944.38. Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être Je n’ai jamais aimé être surpris. Quand il m’arrive quelque chose, je préfère être d’Albert Camus tirées de Caligula 1944La pièce de théâtre Caligula fait partie du cycle de l’absurde avec le Mythe de Sisyphe 1942, L’étranger 1942 et Le malentendu 1944.40. Scipion Je l’aime. Il était bon pour moi. Il m’encourageait et je sais par cœur certaines de ses paroles. Il me disait que la vie n’est pas facile, mais qu’il y avait la religion. L’art, l’amour qu’on nous porte. Il répétait souvent que faire souffrir était la seule façon de se tromper. Il voulait être un homme Hélicon À vrai dire, ils ne l’ont jamais eue, sinon pour frapper ou commander. Il faudra patienter, voilà tout. Il faut un jour pour faire un sénateur et dix ans pour faire un travailleur.Caligula Mais j’ai bien peur qu’il en faille vingt pour faire un travailleur d’un Caligula Il n’y a que la haine pour rendre les gens Caligula C’est cela que je comprends aujourd’hui encore, en te regardant. Aimer un être, c’est accepter de vieillir avec lui. Je ne suis pas capable de cet amour. Drusilla vieille, c’était bien pis que Drusilla morte. On croit qu’un homme souffre parce que l’être qu’il aime meurt en un jour. Mais sa vraie souffrance est moins futile c’est de s’apercevoir que le chagrin non plus ne dure pas. Même la douleur est privée de d’Albert Camus tirées de Lettres à un ami allemand 1945Lettres à un ami allemand est un recueil d’articles qui avaient été publiés clandestinement sous l’Occupation. Pour en savoir Je n’ai jamais cru au pouvoir de la vérité par elle-même. Mais c’est déjà beaucoup de savoir qu’à énergie égale, la vérité l’emporte sur le mensonge. C’est à ce difficile équilibre que nous sommes lettre, Qu’est-ce que l’homme ? Mais là, je vous arrête, car nous le savons. Il est cette force qui finit toujours par balancer les tyrans et les lettre, J’ai choisi la justice au contraire, pour rester fidèle à la terre. Je continue à croire que ce monde n’a pas de sens supérieur. Mais je sais que quelque chose en lui a du sens et c’est l’homme, parce qu’il est le seul être à exiger d’en avoirQuatrième lettre, Dès l’instant où il est seul, pur, sûr de lui, impitoyable dans ses conséquences, le désespoir a une puissance sans merci. C’est celle qui nous a écrasés pendant que nous hésitions et que nous avions encore un regard sur des images heureuses. Nous pensions que le bonheur est la plus grande des conquêtes, celle qu’on fait contre le destin qui nous est d’Albert Camus tirées de La Peste 1947La peste en Égypte, William Turner, 1800 Wikimédia Commons 100 citations d’Albert CamusLa Peste inaugure le cycle de la révolte dans lequel suivront L’État de siège 1948, Les Justes 1949 et l’Homme révolté 1951. C’est un roman à plusieurs portées, qui évoque entre autres la résistance européenne contre l’Allemagne Et sans doute une guerre est certainement trop bête, mais cela ne l’empêche pas de durer. La bêtise insiste toujours, on s’en apercevrait si l’on ne pensait pas toujours à Mais il vient toujours une heure dans l’histoire où celui qui ose dire que deux et deux font quatre est puni de mort. L’instituteur le sait bien. Et la question n’est pas de savoir quelle est la récompense ou la punition qui attend ce raisonnement. La question est de savoir si deux et deux, oui ou non, font quatre. Pour ceux de nos concitoyens qui risquaient alors leur vie, ils avaient à décider si, oui ou non, ils étaient dans la peste et si, oui ou non, il fallait lutter contre Beaucoup de nouveaux moralistes dans notre ville allaient alors, disant que rien ne servait à rien et qu’il fallait se mettre à genoux. Et Tarrou, et Rieux, et leurs amis pouvaient répondre ceci ou cela, mais la conclusion était toujours ce qu’ils savaient il fallait lutter de telle ou telle façon et ne pas se mettre à genoux. Toute la question était d’empêcher le plus d’hommes possible de mourir et de connaître la séparation définitive. Il n’y avait pour cela qu’un seul moyen qui était de combattre la peste. Cette vérité n’était pas admirable, elle n’était que Tarrou Justement. Peut-on être un saint sans Dieu, c’est le seul problème concret que je connaisse aujourd’ Le docteur Rieux décida alors de rédiger le récit qui s’achève ici, pour ne pas être de ceux qui se taisent, pour témoigner en faveur de ces pestiférés, pour laisser du moins un souvenir de l’injustice et de la violence qui leur avaient été faites, et pour dire simplement ce qu’on apprend au milieu des fléaux, qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à Écoutant, en effet, les cris d’allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu’on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu’il peut rester pendant des dizaines d’années endormi dans les meubles et le linge, qu’il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l’enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité d’Albert Camus tirées de L’État de siège 1948Pièce de théâtre, deuxième oeuvre du cycle de la révolte, avec la Peste 1947, les Justes 1949 et l’Homme révolté 1951.54. Nada, perché sur une borne et ricanant Et voilà ! Moi, Nada, lumière de cette ville par l’instruction et les connaissances, ivrogne par dédain de toutes choses et par dégoût des honneurs, raillé des hommes parce que j’ai gardé la liberté du mépris, je tiens à vous donner, après ce feu d’artifice, un avertissement gratuit. Je vous informe donc que nous y sommes et que, de plus en plus, nous allons y bien que nous y étions déjà. Mais il fallait un ivrogne pour s’en rendre compte. Où sommes-nous donc ? C’est à vous, hommes de raison, de le deviner. Moi, mon opinion est faite depuis toujours et je suis ferme sur mes principes la vie vaut la mort ; l’homme est du bois dont on fait les bûchers. Croyez-moi vous allez avoir des ennuis. Cette comète-là est mauvais signe. Elle vous alerte ! d’Albert Camus tirées de Les Justes 1949Manifestation du 17 octobre 1905, Ilia Répine, 1907 Wikimédia Commons 100 citations d’Albert CamusPièce de théâtre, troisième oeuvre du cycle de la révolte, avec La Peste 1947, L’État de siège 1948 et l’Homme révolté 1951.55. Stepan La liberté est un bagne aussi longtemps qu’un seul homme est asservi sur la terre. J’étais libre et je ne cessais de penser à la Russie et à ses Stepan L’honneur est un luxe réserve à ceux qui ont des calèches. Kaliayev Non. Il est la dernière richesse du Dora Il y a trop de sang, trop de dure violence. Ceux qui aiment vraiment la justice n’ont pas droit à l’amour. Ils sont dressés comme je suis, la tête levée, les yeux fixes. Que viendrait faire l’amour dans ces cœurs fiers ? L’amour courbe doucement les têtes, Yanek. Nous, nous avons la nuque Skouratov On commence par vouloir la justice et on finit par organiser une Kaliayev J’ai lancé la bombe sur votre tyrannie, non sur un homme. Skouratov Sans doute. Mais c’est l’homme qui l’a d’Albert Camus tirées de L’Homme révolté 1951Cet essai est la quatrième oeuvre du cycle de la révolte, avec La Peste 1947, L’État de siège 1948 et Les Justes 1949.60. Tout le malheur des hommes vient de l’espérance qui les arrache au silence de la citadelle, qui les jette sur les remparts dans l’attente du De ce point de vue, le Nouveau Testament peut être considéré comme une tentative de répondre, par avance, à tous les Caïn du monde, en adoucissant la figure de Dieu, et en suscitant un intercesseur entre lui et l’homme. Le Christ est venu résoudre deux problèmes principaux, le mal et la mort, qui sont précisément les problèmes des révoltés. Sa solution a consisté d’abord à les prendre en charge. Le dieu homme souffre aussi, avec patience. Le mal ni la mort ne lui sont plus absolument imputables, puisqu’il est déchiré et meurt. La nuit du Golgotha n’a autant d’importance dans l’histoire des hommes que parce que dans ces ténèbres la divinité, abandonnant ostensiblement ses privilèges traditionnels, a vécu jusqu’au bout, désespoir inclus, l’angoisse de la mort. On s’explique ainsi le Lama sabactani et le doute affreux du Christ à l’agonie. L’agonie serait légère si elle était sou- tenue par l’espoir éternel. Pour que le dieu soit un homme, il faut qu’il À propos de Sade On exalte en lui le philosophe aux fers, et le premier théoricien de la révolte absolue. Il pouvait l’être en effet. Au fond des prisons, le rêve est sans limites, la réalité ne freine rien. L’intelligence dans les chaînes perd en lucidité ce qu’elle gagne en fureur. Sade n’a connu qu’une logique, celle des sentiments. Il n’a pas fondé une philosophie, mais poursuivi le rêve monstrueux d’un Ce n’est pas la souffrance de l’enfant qui est révoltante en elle-même, mais le fait que cette souffrance ne soit pas justifiée. Après tout, la douleur, l’exil, la claustration, sont quelquefois acceptés quand la médecine ou le bon sens nous en persuadent. Aux yeux du révolté, ce qui manque à la douleur du monde, comme aux instants de son bonheur, c’est un principe d’explication. L’insurrection contre le mal demeure, avant tout, une revendication d’unité. Au monde des condamnés à mort, à la mortelle opacité de la condition, le révolté oppose inlassablement son exigence de vie et de transparence définitives. Il est à la recherche, sans le savoir, d’une morale ou d’un sacré. La révolte est une ascèse, quoique aveugle. Si le révolté blasphème alors, c’est dans l’espoir du nouveau dieu. Il s’ébranle sous le choc du premier et du plus profond des mouvements religieux, mais il s’agit d’un mouvement religieux déçu. Ce n’est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu’elle exige, même si ce qu’elle obtient est encore À propos de la révolution hitlerienne Parlant d’une telle révolution, Rauschning dit qu’elle n’est plus libération, justice et essor de l’esprit elle est la mort de la liberté, la domination de la violence et l’esclavage de l’esprit ». Le fascisme, c’est le mépris, en effet. Inversement, toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le Tout homme est un criminel qui s’ignore. Le criminel objectif est celui qui, justement, croyait être innocent. Son action, il la jugeait subjectivement inoffensive, ou même favorable à l’avenir de la Le goût de la possession n’est qu’une autre forme du désir de durer ; c’est lui qui fait le délire impuissant de l’amour. Aucun être, même le plus aimé, et qui nous le rende le mieux, n’est jamais en notre possession. Sur la terre cruelle où les amants meurent parfois séparés, naissent toujours divisés, la possession totale d’un être, la communion absolue dans le temps entier de la vie est une impossible Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n’est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu’au bout de leur destin et il n’est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu’à l’extrémité de leur passion, Kirilov et Stavroguine, Mme Graslin, Julien Sorel ou le prince de Clèves. C’est ici que nous perdons leur mesure, car ils finissent alors ce que nous n’achevons La logique du révolté est de vouloir servir la justice pour ne pas ajouter à l’injustice de la condition, de s’efforcer au langage clair pour ne pas épaissir le mensonge universel et de parier, face à la douleur des hommes, pour le On comprend alors que la révolte ne peut se passer d’un étrange amour. Ceux qui ne trouvent de repos ni en Dieu ni en l’histoire se condamnent à vivre pour ceux qui, comme eux, ne peuvent pas vivre pour les humiliés. Le mouvement le plus pur de la révolte se couronne alors du cri déchirant de Karamazov s’ils ne sont pas tous sauvés, à quoi bon le salut d’un seul ! Ainsi, des condamnés catholiques, dans les cachots d’Espagne, refusent aujourd’hui la communion parce que les prêtres du régime l’ont rendue obligatoire dans certaines prisons. Ceux-là aussi, seuls témoins de l’innocence crucifiée, refusent le salut, s’il doit être payé de l’injustice et de l’oppression. Cette folle générosité est celle de la révolte, qui donne sans tarder sa force d’amour et refuse sans délai l’injustice. Son honneur est de ne rien calculer, de tout distribuer à la vie présente et à ses frères vivants. C’est ainsi qu’elle prodigue aux hommes à venir. La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au d’Albert Camus tirées de L’Été 1954100 citations d’Albert CamusDans cet essai, Albert Camus évoque Oran et l’Algérie dont il est originaire. Cet extrait sur Tipasa renvoie à une première évocation dans Noces. 70. À midi sur les pentes à demi sableuses et couvertes d’héliotropes comme d’une écume qu’auraient laissée en se retirant les vagues furieuses des derniers jours, je regardais la mer qui, à cette heure, se soulevait à peine d’un mouvement épuisé et je rassasiais les deux soifs qu’on ne peut tromper longtemps sans que l’être se dessèche, je veux dire aimer et admirer. Car il y a seulement de la malchance à n’être pas aimé ; il y a du malheur à ne point aimer. Nous tous, aujourd’hui, mourons de ce malheur. C’est que le sang, les haines décharnent le cœur lui-même ; la longue revendication de la justice épuise l’amour qui pourtant lui a donné naissance. Dans la clameur où nous vivons, l’amour est impossible et la justice ne suffit pas. C’est pourquoi l’Europe hait le jour et ne sait qu’opposer l’injustice à elle-même. Mais pour empêcher que la justice se racornisse, beau fruit orange qui ne contient qu’une pulpe amère et sèche, je redécouvrais à Tipasa qu’il fallait garder intactes en soi une fraîcheur, une source de joie, aimer le jour qui échappe à l’injustice, et retourner au combat avec cette lumière conquise. Je retrouvais ici l’ancienne beauté, un ciel jeune, et je mesurais ma chance, comprenant enfin que dans les pires années de notre folie le souvenir de ce ciel ne m’avait jamais quitté. C’était lui qui pour finir m’avait empêché de désespérer. J’avais toujours su que les ruines de Tipasa étaient plus jeunes que nos chantiers ou nos décombres. Le monde y recommençait tous les jours dans une lumière toujours neuve. Ô lumière ! c’est le cri de tous les personnages placés, dans le drame antique, devant leur destin. Ce recours dernier était aussi le nôtre et je le savais maintenant. Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été d’Albert Camus tirées d’Actuelles et de Combat 1950 – 1958Actuelles est recueil de chroniques écrites par Albert Camus. Elles se présentent en trois volumes Actuelles I Chroniques 1944-1948 1950Actuelles II Chroniques 1948-1953 1953Actuelles III Chroniques 1939-1958 1958 sous titrées Chroniques algériennes71. Rien n’est donné aux hommes et le peu qu’ils peuvent conquérir se paye de morts injustes. Mais la grandeur de l’homme n’est pas là. Elle est dans sa décision d’être plus fort que sa nuit de la vérité, combat, 25 août 194472. Il est un autre apport du journaliste au public. Il réside dans le commentaire politique et moral de l’actualité. En face des forces désordonnées de l’histoire, dont les informations sont le reflet, il peut être bon de noter, au jour le jour, la réflexion d’un esprit ou les observations communes de plusieurs esprits. Mais cela ne peut se faire sans scrupule, sans distance et sans une certaine idée de la relativité. Certes, le goût de la vérité n’empêche pas la prise de journalisme critique, Combat, 8 septembre 194473. La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes Hiroshima, Combat, 8 août 194574. Le christianisme dans son essence et c’est sa paradoxale grandeur est une doctrine de l’injustice. Il est fondé sur le sacrifice de l’innocent et l’acceptation de ce sacrifice. La justice au contraire, et Paris vient de le prouver dans ses nuits illuminées des flammes de l’insurrection, ne va pas sans la 8 septembre 1944 Actuelles I, De tout cela, nous pouvons tirer qu’il n’y a pas d’ordre sans équilibre et sans accord. Pour l’ordre social, ce sera un équilibre entre le gouvernement et ses gouvernés. Et cet accord doit se faire au nom d’un principe supérieur. Ce principe, pour nous, est la justice. Il n’y a pas d’ordre sans justice et l’ordre idéal des peuples réside dans leur 12 octobre 1944, Actuelles I, D’une juste et saine méfiance à l’égard des prostitutions que cette société bourgeoise infligeait à la liberté, on en est venu à se défier de la liberté même. Au mieux, on l’a renvoyée à la fin des temps, en priant que d’ici là on veuille bien ne plus en parler. On a déclaré qu’il fallait d’abord la justice, et que pour la liberté, on verrait après, comme si des esclaves pouvaient jamais espérer obtenir pain et la liberté, Actuelle II, de La chute 1956Dans ce roman, Albert Camus aborde le thème de l’inaction et de ses L’homme est ainsi, cher monsieur, il a deux faces il ne peut pas aimer sans s’ J’arrivais à mes fins, à peu près quand je voulais. On me trouvait du charme, imaginez cela ! Le charme une manière de s’entendre répondre oui » sans avoir posé aucune question N’attendez pas le jugement dernier. Il a lieu tous les Le plus haut des tourments humains est d’être jugé sans L’essentiel est que tout devienne simple, comme pour l’enfant, que chaque acte soit commandé, que le bien et le mal soient désignés de façon arbitraire, donc évidente. Et moi, je suis d’accord, tout sicilien et javanais que je sois, avec ça pas chrétien pour un sou, bien que j’aie de l’amitié pour le premier d’entre eux. Mais sur les ponts de Paris, j’ai appris moi aussi que j’avais peur de la liberté. Vive donc le maître, quel qu’il soit, pour remplacer la loi du ciel. Notre père qui êtes provisoirement ici… Nos guides, nos chefs délicieusement sévères, ô conducteurs cruels et bien-aimés… » Enfin, vous voyez, l’essentiel est de n’être plus libre et d’obéir, dans le repentir, à plus coquin que soi. Quand nous serons tous coupables, ce sera la de Réflexions sur la guillotine82. Beaucoup de législations considèrent comme plus grave le crime prémédité que le crime de pure violence. Mais qu’est-ce donc que l’exécution capitale, sinon le plus prémédité des meurtres, auquel aucun forfait de criminel, si calculé soit-il, ne peut être comparé ? Pour qu’il y ait équivalence, il faudrait que la peine de mort châtiât un criminel qui aurait averti sa victime de l’époque où il lui donnerait une mort horrible et qui, à partir de cet instant, l’aurait séquestrée à merci pendant des mois. Un tel monstre ne se rencontre pas dans le du discours de réception du prix Nobel de littérature 1957Albert Camus reçoit le prix Nobel de littérature en 1957. 83. L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes.[…]84. Et celui qui, souvent, a choisi son destin d’artiste parce qu’il se sentait différent apprend bien vite qu’il ne nourrira son art, et sa différence, qu’en avouant sa ressemblance avec tous. L’artiste se forge dans cet aller retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s’arracher. C’est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ; ils s’obligent à comprendre au lieu de juger.[…]85. Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se des Carnets posthumesLes Carnets se rapprochent d’un journal intime, dans lequel Camus prenait des notes pour son travail. Ils se présentent en trois volumes Carnets I mai 1935-février 1942 1962 ;Carnets II janvier 1942-mars 1951 1964 ;Carnets III mars 1951-décembre 1959 1989.Carnets I86. La tentation la plus dangereuse ne ressembler à 1937, Le besoin d’avoir raison, marque d’esprit 1937, Aller jusqu’au bout, ce n’est pas seulement résister mais aussi se laisser 1937, Les nuages grossissent au-dessus du cloître et la nuit peu à peu assombrit les dalles où s’inscrit la morale dont on dote ceux qui sont morts. Si j’avais à écrire ici un livre de morale, il aurait cent pages et 99 seraient blanches. Sur la dernière, j’écrirais Je ne connais qu’un seul devoir et c’est celui d’aimer. »Août 1937, à la basilique de la Santissima Annuziata à Florence, Solitude, luxe des septembre 1937, Il n’y a qu’un cas où le désespoir soit pur. C’est celui du condamné à mort qu’on nous permette une petite évocation. On pourrait demander à un désespéré d’amour s’il veut être guillotiné le lendemain, et il refuserait. À cause de l’horreur du supplice ? Oui. Mais l’horreur naît ici de la certitude – plutôt de l’élément mathématique qui compose cette certitude. L’Absurde est ici parfaitement clair. C’est le contraire d’un irrationnel. Il a tous les signes de l’évidence. Ce qui est irrationnel, ce qui le serait, c’est l’espoir passager et moribond que cela va cesser et que cette mort pourra être 38, Ce qu’il y a d’exaltant la terrible solitude. Comme remède à la vie en société la grande ville. C’est désormais le seul désert praticable. Le corps ici n’a plus de prestige. Il est couvert, caché sous des peaux informes. Il n’y a que l’âme, l’âme avec tous ses débordements, ses ivrogneries, ses intempérances d’émotion pleurarde et le 1940, II93. Trois ans pour faire un livre, cinq lignes pour le ridiculiser – et les citations Celui qui désespère des événements est un lâche, mais celui qui espère en la condition humaine est un septembre 1943, Oui, j’ai une patrie la langue 1950, Tout accomplissement est une servitude. Il oblige à un accomplissement plus 1951, III97. Mauriac. Preuve admirable de la puissance de sa religion il arrive à la charité sans passer par la générosité. Il a tort de me renvoyer sans cesse à l’angoisse du Christ. Il me semble que j’en ai un plus grand respect que lui, ne m’étant jamais cru autorisé à exposer le supplice de mon sauveur, deux fois la semaine, à la première page d’un journal de banquiers. Il se dit écrivain d’humeur. En effet. Mais il a dans l’humeur une disposition invincible à se servir de la croix comme d’une arme de jet. Ce qui en fait un journaliste du premier ordre, et un écrivain du second. Dostoïevski de la Toute société est basée sur l’aristocratie, car celle-ci, la vraie, est exigence à l’égard de soi-même et sans cette exigence toute société novembre 1954, La démocratie ce n’est pas la loi de la majorité mais la protection de la 1958, Jejette un œil aux nains de jardin du voisin, celui du 40bis, voir s’il n’aurait pas fait une nouvelle acquisition de ces pitoyables mochetés qu’il vient briquer tous les matins avant de se rendre au boulot et le soir au retour, sous le regard flétri de mièvrerie que lui prodigue sa vieille bique de mère, derrière son rideau brodé, par-dessus la jardinière de géraniums
LES DROITS DE LA FEMME. À LA REINE. Madame,Peu faite au langage que l’on tient aux Rois, je n’emploierai point l’adulation des Courtisans pour vous faire hommage de cette singulière production. Mon but, Madame, est de vous parler franchement ; je n’ai pas attendu, pour m’exprimer ainsi, l’époque de la Liberté ; je me suis montrée avec la même énergie dans un temps où l’aveuglement des Despotes punissait une si noble audace. Lorsque tout l’Empire vous accusait et vous rendait responsable de ses calamités, moi seule, dans un temps de trouble et d’orage, j’ai eu la force de prendre votre défense. Je n’ai jamais pu me persuader qu’une Princesse, élevée au sein des grandeurs, eût tous les vices de la bassesse. Oui, Madame, lorsque j’ai vu le glaive levé sur vous, j’ai jeté mes observations entre ce glaive et la victime ; mais aujourd’hui que je vois qu’on observe de près la foule de mutins soudoyée, & qu’elle est retenue par la crainte des loix, je vous dirai, Madame, ce que je ne vous aurois pas dit alors. Si l’étranger porte le fer en France, vous n’êtes plus à mes yeux cette Reine faussement inculpée, cette Reine intéressante, mais une implacable ennemie des Français. Ah ! Madame, songez que vous êtes mère et épouse ; employez tout votre crédit pour le retour des Princes. Ce crédit, si sagement appliqué, raffermit la couronne du père, la conserve au fils, et vous réconcilie l’amour des Français. Cette digne négociation est le vrai devoir d’une Reine. L’intrigue, la cabale, les projets sanguinaires précipiteroient votre chûte, si l’on pouvait vous soupçonner capable de semblables desseins. Qu’un plus noble emploi, Madame, vous caractérise, excite votre ambition, et fixe vos regards. Il n’appartient qu’à celle que le hasard a élevée à une place éminente, de donner du poids à l’essor des Droits de la Femme, et d’en accélérer les succès. Si vous étiez moins instruite, Madame, je pourrais craindre que vos intérêts particuliers ne l’emportassent sur ceux de votre sexe. Vous aimez la gloire songez, Madame, que les plus grands crimes s’immortalisent comme les plus grandes vertus ; mais quelle différence de célébrité dans les fastes de l’histoire ! l’une est sans cesse prise pour exemple, et l’autre est éternellement l’exécration du genre humain. On ne vous fera jamais un crime de travailler à la restauration des mœurs, à donner à votre sexe toute la consistence dont il est susceptible. Cet ouvrage n’est pas le travail d’un jour, malheureusement pour le nouveau régime. Cette révolution ne s’opérera que quand toutes les femmes seront pénétrées de leur déplorable sort, & des droits qu’elles ont perdus dans la société. Soutenez, Madame, une si belle cause ; défendez ce sexe malheureux, et vous aurez bientôt pour vous une moitié du royaume, et le tiers au moins de l’autre. Voilà, Madame, voilà par quels exploits vous devez vous signaler et employer votre crédit. Croyez-moi, Madame, notre vie est bien peu de chose, sur-tout pour une Reine, quand cette vie n’est pas embellie par l’amour des peuples, et par les charmes éternels de la bienfaisance. S’il est vrai que des Français arment contre leur patrie toutes les puissances ; pourquoi ? pour de frivoles prérogatives, pour des chimères. Croyez, Madame, si j’en juge par ce que je sens, le parti monarchique se détruira de lui-même, qu’il abandonnera tous les tyrans, et tous les cœurs se rallieront autour de la patrie pour la défendre. Voilà, Madame, voilà quels sont mes principes. En vous parlant de ma patrie, je perds de vue le but de cette dédicace. C’est ainsi que tout bon Citoyen sacrifie sa gloire, ses intérêts, quand il n’a pour objet que ceux de son pays. Je suis avec le plus profond respect, Madame, Votre très-humble et très- obéissante servante, De Gouges. LES DROITS DE LA FEMME. Homme, es-tu capable d’être juste ? C’est une femme qui t’en fait la question ; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? Qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? ta force ? tes talents ? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans toute sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l’oses, l’exemple de cet empire tirannique[1]. Remonte aux animaux, conſulte les élémens, étudie les végétaux, jette enfin un coup-d’œil sur toutes les modifications de la matière organisée ; et rends-toi à l’évidence quand je t’en offre les moyens ; cherche, fouille et distingue, si tu peux, les sexes dans l’administration de la nature. Par-tout tu les trouveras confondus, par-tout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef-d’œuvre immortel. L’homme seul s’est fagoté un principe de cette exception. Biſarre, aveugle, boursoufflé de sciences et dégénéré, dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l’ignorance la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles ; il prétend jouir de la révolution, et réclamer ses droits à l’égalité, pour ne rien dire de plus. DÉCLARATION DES DROITS DE LAFEMME ET DE LA CITOYENNE, À décréter par l’Assemblée nationale dans ses dernières séances ou dans celle de la prochaine législature. Préambule. Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d’être constituées en assemblée nationale. Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d’exposer dans une déclaration solemnelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous. En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage, dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les Droits suivans de la Femme et de la Citoyenne. Article premier. La Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. II. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et impreſcriptibles de la Femme et de l’Homme ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et sur-tout la résistance à l’oppression. III. Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n’est que la réunion de la Femme et de l’Homme nul corps, nul individu, ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. IV. La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l’homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les loix de la nature et de la raison. V. Les loix de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société tout ce qui n’est pas défendu par ces loix, sages et divines, ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elles n’ordonnent pas. VI. La Loi doit être l’expression de la volonté générale ; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personellement, ou par leurs représentans, à sa formation ; elle doit être la même pour tous toutes les citoyennes et tous les citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, & sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents. VII. Nulle femme n’est exceptée ; elle est accusée, arrêtée, & détenue dans les cas déterminés par la Loi. Les femmes obéissent comme les hommes à cette Loi rigoureuse. VIII. La loi ne doit établir que des peines strictement & évidemment nécessaires, & nul ne peut être puni qu’en vertu d’une Loi établie et promulguée antérieurement au délit et légalement appliquée aux femmes. IX. Toute femme étant déclarée coupable, toute rigueur est exercée par la Loi. X. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes fondamentales, la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ; pourvu que ses manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la Loi. XI. La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers les enfans. Toute Citoyenne peut donc dire librement, je suis mère d’un enfant qui vous appartient, sans qu’un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité ; sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. XII. La garantie des droits de la femme et de la Citoyenne nécessite une utilité majeure ; cette garantie doit être instituée pour l’avantage de tous, & non pour l’utilité particulière de celles à qui elle est confiée. XIII. Pour l’entretien de la force publique, & pour les dépenses d’administration, les contributions de la femme et de l’homme sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles ; elle doit donc avoir de même part à la distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de l’industrie. XIV. Les Citoyennes et Citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes, ou par leurs représentans, la nécessité de la contribution publique. Les Citoyennes ne peuvent y adhérer que par l’admission d’un partage égal, non-seulement dans la fortune, mais encore dans l’administration publique, et de déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée de l’impôt. XV. La masse des femmes, coalisée pour la contribution à celle des hommes, a le droit de demander compte, à tout agent public, de son administration. XVI. Toute société, dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution ; la constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la Nation, n’a pas coopéré à sa rédaction. XVII. Les propriétés sont à tous les sexes réunis ou séparés ; elles ont pour chacun un droit inviolable et sacré ; nul ne peut en être privé comme vrai patrimoine de la nature, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité. POSTAMBULE. Femme, réveille-toi ; le tocſin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnois tes droits. Le puissant empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l’usurpation. L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption vous n’avez régné que sur la foiblesse des hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? la conviction des injustices de l’homme. La réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature ; qu’auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? le bon mot du Législateur des noces de Cana ? Craignez-vous que nos Législateurs Français, correcteurs de cette morale, long-temps accrochée aux branches de la politique, mais qui n’est plus de saison, ne vous répètent femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous à répondre. S’ils s’obstinoient, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence en contradiction avec leurs principes ; opposez courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ; déployez toute l’énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampans à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de l’Être Suprême. Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir. Passons maintenant à l’effroyable tableau de ce que vous avez été dans la société ; & puisqu’il est question, en ce moment, d’une éducation nationale, voyons si nos sages Législateurs penseront sainement sur l’éducation des femmes. Les femmes ont fait plus de mal que de bien. La contrainte et la dissimulation ont été leur partage. Ce que la force leur avoit ravi, la ruse leur a rendu ; elles ont eu recours à toutes les ressources de leurs charmes, et le plus irréprochable ne leur résistoit pas. Le poison, le fer, tout leur étoit soumis ; elles commandoient au crime comme à la vertu. Le gouvernement français, surtout, a dépendu, pendant des siècles, de l’administration nocturne des femmes ; le cabinet n’avaoit point de secret pour leur indiscrétion ; ambassade, commandement, ministère, présidence, pontificat[2], cardinalat ; enfin tout ce qui caractérise la sottise des hommes, profane et sacré, tout a été soumis à la cupidité et à l’ambition de ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la révolution, respectable et méprisé. Dans cette sorte d’antithèse, que de remarques n’ai-je point à offrir ! je n’ai qu’un moment pour les faire, mais ce moment fixera l’attention de la postérité la plus reculée. Sous l’ancien régime, tout étoit vicieux, tout étoit coupable ; mais ne pourroit-on pas apercevoir l’amélioration des choses dans la substance même des vices ? Une femme n’avoit besoin que d’être belle ou aimable ; quand elle possédoit ces deux avantages, elle voyoit cent fortunes à ses pieds. Si elle n’en profitoit pas, elle avoit un caractère bizarre, ou une philosophie peu commune, qui la portoit aux mépris des richesses ; alors elle n’étoit plus considérée que comme une mauvaise tête ; la plus indécente se faisoit respecter avec de l’or ; le commerce des femmes étoit une espèce d’industrie reçue dans la première classe, qui, désormais, n’aura plus de crédit. S’il en avoit encore, la révolution seroit perdue, et sous de nouveaux rapports, nous serions toujours corrompus ; cependant la raison peut-elle se dissimuler que tout autre chemin à la fortune est fermé à la femme que l’homme achete, comme l’esclave sur les côtes d’Afrique. La différence est grande ; on le sait. L’esclave commande au maître ; mais si le maître lui donne la liberté sans récompense, et à un âge où l’esclave a perdu tous ses charmes, que devient cette infortunée ? Le jouet du mépris ; les portes même de la bienfaisance lui sont fermées ; elle est pauvre et vieille, dit-on ; pourquoi n’a-t-elle pas su faire fortune ? D’autres exemples encore plus touchans s’offrent à la raison. Une jeune personne sans expérience, séduite par un homme qu’elle aime, abandonnera ses parens pour le suivre ; l’ingrat la laissera après quelques années, et plus elle aura vieilli avec lui, plus son inconstance sera inhumaine ; si elle a des enfants, il l’abandonnera de même. S’il est riche, il se croira dispensé de partager sa fortune avec ses nobles victimes. Si quelqu’engagement le lie à ses devoirs, il en violera la puissance en espérant tout des lois. S’il est marié, tout autre engagement perd ses droits. Quelles lois reste-t-il donc à faire pour extirper le vice jusques dans la racine ? Celle du partage des fortunes entre les hommes et les femmes, et de l’administration publique. On conçoit aisément que celle qui est née d’une famille riche, gagne beaucoup avec l’égalité des partages. Mais celle qui est née d’une famille pauvre, avec du mérite et des vertus ; quel est son lot ? La pauvreté et l’opprobre. Si elle n’excelle pas précisément en musique ou en peinture, elle ne peut être admise à aucune fonction publique, quand elle en auroit toute la capacité. Je ne veux donner qu’un aperçu des choses, je les approfondirai dans la nouvelle édition de mes ouvrages politiques que je me propose de donner au public dans quelques jours, avec des notes. Je reprends mon texte quant aux mœurs. Le mariage est le tombeau de la confiance & de l’amour. La femme mariée peut impunément donner des bâtards à son mari, et la fortune qui ne leur appartient pas. Celle qui ne l’est pas, n’a qu’un foible droit les lois anciennes et inhumaines lui refusoient ce droit sur le nom & sur le bien de leur père, pour ses enfants, et l’on n’a pas fait de nouvelles lois sur cette matière. Si tenter de donner à mon sexe une consistance honorable et juste, est considéré dans ce moment comme un paradoxe de ma part, et comme tenter l’impossible, je laisse aux hommes à venir la gloire de traiter cette matière ; mais, en attendant, on peut la préparer par l’éducation nationale, par la restauration des mœurs et par les conventions conjugales. Forme du Contrat social de l’Homme et de la Femme. Nous N et N, mus par notre propre volonté, nous unissons pour le terme de notre vie, et pour la durée de nos penchans mutuels, aux conditions suivantes Nous entendons & voulons mettre nos fortunes en communauté, en nous réservant cependant le droit de les séparer en faveur de nos enfans, et de ceux que nous pourrions avoir d’une inclination particulière, reconnaissant mutuellement que notre bien appartient directement à nos enfans, de quelque lit qu’ils sortent, et que tous indistinctement ont le droit de porter le nom des pères et mères qui les ont avoués, et nous imposons de souscrire à la loi qui punit l’abnégation de son propre sang. Nous nous obligeons également, au cas de séparation, de faire le partage de notre fortune, et de prélever la portion de nos enfans indiquée par la loi ; et, au cas d’union parfaite, celui qui viendrait à mourir, se désisteroit de la moitié de ses propriétés en faveur de ses enfans ; et si l’un mouroit sans enfans, le survivant hériteroit de droit, à moins que le mourant n’ait disposé de la moitié du bien commun en faveur de qui il jugeroit à propos. Voilà à-peu-près la formule de l’acte conjugal dont je propose l’exécution. À la lecture de ce bisarre écrit, je vois s’élever contre moi les tartuffes, les bégueules, le clergé et toute la séquelle infernale. Mais combien il offrira aux sages de moyens moraux pour arriver à la perfectibilité d’un gouvernement heureux ! j’en vais donner en peu de mots la preuve physique. Le riche Épicurien sans enfans, trouve fort bon d’aller chez son voisin pauvre augmenter sa famille. Lorsqu’il y aura une loi qui autorisera la femme du pauvre à faire adopter au riche ses enfans, les liens de la société seront plus resserrés, et les mœurs plus épurées. Cette loi conservera peut-être le bien de la communauté, et retiendra le désordre qui conduit tant de victimes dans les hospices de l’opprobre, de la bassesse et de la dégénération des principes humains, où, depuis long-tems, gémit la nature. Que les détracteurs de la saine philosophie cessent donc de se récrier contre les mœurs primitives, ou qu’ils aillent se perdre dans la source de leurs citations[3]. Je voudrois encore une loi qui avantageât les veuves et les demoiselles trompées par les fausses promesses d’un homme à qui elles se seroient attachées ; je voudrois, dis-je, que cette loi forçât un inconstant à tenir ses engagemens, ou à une indemnité proportionnelle à sa fortune. Je voudrois encore que cette loi fût rigoureuse contre les femmes, du moins pour celles qui auroient le front de recourir à une loi qu’elles auroient elles-mêmes enfreinte par leur inconduite, si la preuve en étoit faite. Je voudrois, en même tems, comme je l’ai exposée dans le bonheur primitif de l’homme, en 1788, que les filles publiques fussent placées dans des quartiers désignés. Ce ne sont pas les femmes publiques qui contribuent le plus à la dépravation des mœurs, ce sont les femmes de la société. En restaurant les dernières, on modifie les premières. Cette chaîne d’union fraternelle offrira d’abord le désordre, mais par les suites, elle produira à la fin un ensemble parfait. J’offre un moyen invincible pour élever l’ame des femmes ; c’est de les joindre à tous les exercices de l’homme si l’homme s’obstine à trouver ce moyen impraticable, qu’il partage avec la femme, non à son caprice, mais par la sageſſe des loix. Le préjugé tombe, les mœurs s’épurent, et la nature reprend tous ses droits. Ajoutez-y le mariage des prêtres ; le Roi, raffermi sur son trône, et le gouvernement français ne sauroit plus périr. Il étoit bien nécessaire que je dise quelques mots sur les troubles que cause, dit-on, le décret en faveur des hommes de couleur, dans nos îles. C’est l’à où la nature frémit d’horreur ; c’est l’à où la raison et l’humanité, n’ont pas encore touché les âmes endurcies ; c’est là sur-tout où la division et la discorde agitent leurs habitans. Il n’est pas difficile de deviner les instigateurs de ces fermentations incendiaires il y en a dans le sein même de l’Assemblée Nationale ils alument en Europe le feu qui doit embraser l’Amérique. Les Colons prétendent régner en despotes sur des hommes dont ils sont les pères et les frères ; et méconnoissant les droits de la nature, ils en poursuivent la source jusque dans la plus petite teinte de leur sang. Ces Colons inhumains disent notre sang circule dans leurs veines, mais nous le répandrons tout, s’il le faut, pour assouvir notre cupidité, ou notre aveugle ambition. C’est dans ces lieux les plus près de la nature, que le père méconnoît le fils ; sourd aux cris du sang, il en étouffe tous les charmes ; que peut-on espérer de la résistance qu’on lui oppose ? la contraindre avec violence, c’est la rendre terrible, la laisser encore dans les fers, c’est acheminer toutes les calamités vers l’Amérique. Une main divine semble répandre par tout l’appanage de l’homme, la liberté ; la loi seule a le droit de réprimer cette liberté, si elle dégénére en licence ; mais elle doit être égale pour tous, c’est elle sur-tout qui doit renfermer l’Assemblée Nationale dans son décret, dicté par la prudence et par la justice. Puisse-t-elle agir de même pour l’état de la France, et se rendre aussi attentive sur les nouveaux abus, comme elle l’a été sur les anciens qui deviennent chaque jour plus effroyables ! Mon opinion seroit encore de raccommoder le pouvoir exécutif avec le pouvoir législatif, car il me semble que l’un est tout, et que l’autre n’est rien ; d’où naîtra, malheureusement peut être, la perte de l’Empire François. Je considère ces deux pouvoirs, comme l’homme et la femme[4] qui doivent être unis, mais égaux en force et en vertu, pour faire un bon ménage. Il eſt donc vrai que nul individu ne peut échapper à son sort ; j’en fais l’expérience aujourd’hui. J’avois résolu & décidé de ne pas me permettre le plus petit mot pour rire dans cette production, mais le sort en a décidé autrement voici le fait L’économie n’est point défendue, sur-tout dans ce tems de misère. J’habite la campagne. Ce matin à huit heures je suis partie d’Auteuil, & me suis acheminée vers la route qui conduit de Paris à Versailles, où l’on trouve souvent ces fameuses guinguettes qui ramassent les passans à peu de frais. Sans doute une mauvaise étoile me poursuivoit dès le matin. J’arrive à la barrière où je ne trouve pas même le triste sapin aristocrate. Je me repose sur les marches de cet édifice insolent qui recéloit des commis. Neuf heures sonnent, & je continue mon chemin une voiture s’offre à mes regards, j’y prends place, & j’arrive à neuf heures un quart, à deux montres différentes, au Pont-Royal. J’y prends le sapin, & je vole chez mon Imprimeur, rue Christine, car je ne peux aller que là si matin en corrigeant mes épreuves, il me reste toujours quelque choſe à faire ; si les pages ne ſont pas bien serrées & remplies. Je reste à-peu-près vingt minutes ; & fatiguée de marche, de composition & d’impression, je me propose d’aller prendre un bain dans le quartier du Temple, où j’allois dîner. J’arrive à onze heures moins un quart à la pendule du bain ; je devois donc au cocher une heure & demie ; mais, pour ne pas avoir de dispute avec lui, je lui offre 48 ſols il exige plus, comme d’ordinaire ; il fait du bruit. Je m’obstine à ne vouloir plus lui donner que son dû, car l’être équitable aime mieux être généreux que dupe. Je le menace de la loi, il me dit qu’il s’en moque, & que je lui payerai deux heures. Nous arrivons chez un commissaire de paix, que j’ai la générosité de ne pas nommer, quoique l’acte d’autorité qu’il s’est permis envers moi, mérite une dénonciation formelle. Il ignoroit sans doute que la femme qui réclamoit sa justice étoit la femme auteur de tant de bienfaisance & d’équité. Sans avoir égard à mes raisons, il me condamne impitoyablement à payer au cocher ce qu’il demandoit. Connoissant mieux la loi que lui, je lui dis, Monsieur, je m’y refuse, & je vous prie de faire attention que vous n’êtes pas dans le principe de votre charge. Alors cet homme, ou, pour mieux dire, ce forcené s’emporte, me menace de la Force si je ne paye à l’instant, ou de rester toute la journée dans son bureau. Je lui demande de me faire conduire au tribunal de département ou à la mairie, ayant à me plaindre de son coup d’autorité. Le grave magistrat, en redingote poudreuse & dégoûtante comme sa conversation, m’a dit plaisamment cette affaire ira sans doute à l’Assemblée Nationale ? Cela se pourroit bien, lui dis-je ; & je m’en fus moitié furieuse & moitié riant du jugement de ce moderne Bride-Oison, en disant c’est donc là l’espèce d’homme qui doit juger un peuple éclairé ! On ne voit que cela. Semblables aventures arrivent indistinctement aux bons patriotes, comme aux mauvais. Il n’y a qu’un cri sur les désordres des sections & des tribunaux. La justice ne se rend pas ; la loi est méconnue, & la police se fait, Dieu sait comment. On ne peut plus retrouver les cochers à qui l’on confie des effets ; ils changent les numéros à leur fantaiſie, & plusieurs personnes, ainsi que moi, ont fait des pertes considérables dans les voitures. Sous l’ancien régime, quel que fût son brigandage, on trouvait la trace de ses pertes, en faisant un appel nominal des cochers, & par l’inspection exacte des numéros ; enfin on étoit en sûreté. Que font ces juges de paix ? que font ces comissaires, ces inspecteurs du nouveau régime ? Rien que des sottises & des monopoles. L’Assemblée Nationale doit fixer toute son attention sur cette partie qui embrasse l’ordre social. P. S. Cet ouvrage étoit compoſé depuis quelques jours ; il a été retardé encore à l’impreſſion ; et au moment que M. Taleyrand, dont le nom sera toujours cher à la poſtérité, venant de donner son ouvrage sur les principes de l’éducation nationale, cette production étoit déjà ſous la presse. Heureuse si je me suis rencontrée avec les vues de cet orateur ! Cependant je ne puis m’empêcher d’arrêter la presse, et de faire éclater la pure joie, que mon cœur a ressentie à la nouvelle que le roi venoit d’accepter la Constitution, et que l’assemblée nationale, que j’adore actuellement, ſans excepter l’abbé Maury ; et la Fayette est un dieu, avoit proclamé d’une voix unanime une amnistie générale. Providence divine, fais que cette joie publique ne ſoit pas une fausse illusion ! Renvoie-nous, en corps, tous nos fugitifs, et que je puisse avec un peuple aimant, voler sur leur passage ; et dans ce jour solemnel, nous rendrons tous hommage à ta puissance. ↑ De Paris au Pérou, du Japon jusqu’à Rome, Le plus sot animal, à mon avis, c’est l’homme. ↑ M. de Berais, de la façon de madame de Pompadour. ↑ Abraham eut des enfans très-légitimes d’Agar, servante de sa femme. ↑ Dans le souper magique de M. de Merville, Ninon demande quelle est la maitresse de Louis XVI ? On lui répond, c’est la Nation, cette maitresse corrompra le gouvernement si elle prend trop d’empire.
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